dimanche 28 avril 2013

Edner Jean: “mes échecs ont fait mon succès”


Edner Jean (Photo: Fotomatik Haiti)
C’est un battant qui va vite. Très vite. Il a réussi dans tout ce qu’il a échoué au départ. Edner Jean, en affaire, est un TGV humain. Rien ne l’arrête. Même pas les échecs.
La première fois qu’il a été au micro, le directeur de la station a fait signe à l’opérateur de le retirer dans l’air. Edner Jean, lui-même, a qualifié de « catastrophe » son premier essai à la radio. Il n’avait ni la voix, ni le ton, ni le parler pour être à cette place, lui a-t-on fait comprendre. Il a été renvoyé chez lui. Sans trompette. Ni tambour. C’était en 1987. A Radio St Marc. L’unique station émettrice de la ville, à l’époque. Le lendemain, il débarque à nouveau à la radio. Face à la stupéfaction du responsable, Edner Jean sort un argumentaire solide. « Je suis revenu pour apprendre ».

Ses échecs enfantent ses succès

Après trois mois d’observation et de pratique, car il enregistrait les émissions que Smoye Noisy présentait sur Radio Métropole à Port-au-Prince et singeait littéralement l’animateur. « Je répétais tout ce que faisait Smoye, à la virgule près ». Clarens Renois et Smoye Noisy  étaient ses modèles et ses idoles. Trois mois plus tard, il retourne au micro de Radio St Marc, et depuis il n’a  « cessé de prendre l’ascension ». Après une brillante carrière à Radio Nationale, puis à Métropole, Edner Jean est aujourd’hui l’une des voix les plus connues de la publicité en Haïti et le plus ambitieux homme d’affaire connu de sa génération. La Banque Nationale de Crédit (BNC), Délimart, Mégamart, Auto Plaza, Alliance école informatique et professionnelle, l'Administration Générale des Douanes… ne se passent plus de sa voix pour leurs annonces publicitaires. Si vous le questionnez sur le secret de sa réussite, sans ambages, il vous répondra « mes échecs ont fait mon succès ». Et aujourd'hui, ses ambitions ne connaissent point de borne.

Sans limite
Edner Jean (Photo: Fotomatik Haiti)

Réginald Boulos. Edner Jean ne jure que par ce riche homme d’affaires haïtien qui « l’a laissé prendre sa main pour monter en affaire ». Il lui doit tout, reconnait-il. Après l’avoir eu comme client, partenaire, aujourd’hui, son premier associé. Ce médecin, qui a troqué sa blouse contre de superes grandes caisses enregistreuses, est le propriétaire et fondateur de Délimart, de Mégamart… la plus grande chaine de super marchés d’Haïti et aussi de Auto Plaza, concessionaire de la marque japonaise Dahiatsu. Réginald Boulos. Dans le sillage de ce « mentor », le Saint-Marcois, qui a enfouit ses racines presque a travaers tout le pays, construit ses entreprises.

Après avoir monté « Communication Plus » avec ses collègues, Anaïse Chavenet, Dishler Marcelin, Élie Pierre ; après avoir pris en main l’école d’informatique et professionnelle, Alliance, qui est présente aujourd’hui dans 7 départements du pays, fondée par son ex-femme Dominique ; après avoir établi dans sa ville natale, le plus grand centre commercial de la région ; il vient de lancer aujourd’hui, avec sa nouvelle compagne, Jennifer, à Delmas, « Bon Jean Restaurant Fast-food » et « Bon Jean Super Market » , un concept qu’il compte dupliquer à travers tout le pays. Il ne se fixe pas de limite. « Je veux faire en affaires, ce que le président Dumarsais Estimé a fait dans la politique en Haïti », clame-t-il, les yeux fermés, avec, dessiné sur son visage, un sourire rempli de promesse. Il construit, pierre par pierre, retranché dans son espace de travail à Delmas, les plus invraisemblables projets d’affaires qu’ « un fils de paysan pauvre haïtien à la peau noire ait jamais concrétisé ». Edner Jean est  aujourd’hui pourvoyeur de plus de 260 emplois directs; compte 10 succursales d’ «  Alliance École professionnelle », dont cinq 5 dans le Département de l’Ouest. Pourtant, ces chiffres ne lui montent pas à la tête. Modeste, demeure-t-il.

Sobriété

Son bureau au complexe Alliance, sur la route Delmas, est une minuscule pièce avec pour seul décor, deux tableaux. Sans grande valeur. Il y travaille pieds nus. Dans ce petit coin, Edner Jean, à 46 ans, ne garde jamais ses chaussures. « J’adore le contact avec le sol. Je dois tenir cela de mes origines paysannes. Je déambulais pieds nus dans mon patelin, à St Marc ». Quand le séisme du 12 janvier l’a surpris, il a détalé les pieds nus. Il ne porte pas de montre, ni de bijoux, n’a pas changé de voiture depuis plus de 7 ans (une banale Dahiatsu Terrios). « Je ne tomberai jamais dans le piège du m’as-tu vu qui gangrène le succès de ceux de ma classe qui connaissent une certaine réussite financière ». Bien qu’il ait grandi avec beaucoup de besoins insatisfaits et connu des moments difficiles, Edner Jean soutient qu’il n’a aucune revanche à prendre contre la société. La vanité n’est pas son point fort.


Edner Jean (Photo: Fotomatik Haiti)


Entrepreneur aguerri

Comme homme d’affaires aguerri, Edner Jean ne se reconnait qu’une faiblesse. En fait, deux. Bien que la deuxième n’en soit pas vraiment une. Primo, il déteste les avions. Il ira à Jérémie en voiture. Il préférera se taper 6 à 8 heures de routes cahoteuses au volant de sa Terrios, au lieu de prendre l’avion. Son deuxième défaut est peut être commun à tous les entrepreneurs hyperactifs comme lui: après 3 jours de vacances, il s’ennuit. Ses journées de travail commencent à 5h du matin avec des exercices cardiovasculaires et prennent fin après 11 heures du soir. Des fois, au-delà de minuit. Il est un bourreau de travail qui admet voir apparaitre a l'horizon les juteux résultats de ses durs efforts.

C’est en vain qu’on tentera d’arracher des chiffres sur ses affaires. Si vous insistez, il se contentera de lâcher que ses « chiffres sont intéressants. Même très intéressants ». Il faudra se contenter de cela. Non. Il peut aussi vous confier des ambitions que d’autres nourrissent dans le silence. Le prochain taureau qu’il prendra par les cornes, c’est la politique. Rien que parce qu’il aime son pays.




4 commentaires:

  1. UN MODELE
    C'EST BON DE GARDER SUR CE GEANT HOMME

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  2. Edner Jean ferait mieu de rester dans les affaires. S'il doit se lancer dans la politique, qu'il devient un strategiste politique i.e. celui qui finance, planifie les campagnes de jeunes loups, de candidats competents, capables de relever le defi haitien par une action concertee. C'est un conseil de Saint Marcois. Les Saint Marcois et la politique ne font pas bon menage. Il y a une chose qu'un Saint Marcois authentique n'acceptera jamais: l'arrogance des mediocres. Dans un pays comme Haiti ou les cancres sont rois, Edner Jean, un perfectionniste aura du mal a s'imposer ou rallier des esprits positifs a sa cause et sera detruit "trapde". Pense deux fois Edner Jean avant de te porter candidat. La politique est ingrate. Mande Francois Bergrome sim manti.

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