mardi 27 février 2024

Ce que l’amour n’est pas…

 Il est loin d’être l’histoire de Roméo et Juliette. Il n’est pas ce refuge où nos besoins seront comblés.  Ce n’est le complément des fragments manquants de notre être. Il ne se réduit pas à une salle d'attente de nos espérances. La littérature, le cinéma, la musique… nous ont souvent présenté l'amour comme un abri sous lequel trouver le bonheur. Je vous le dis, en vérité, l’amour n’est absolument rien de tout cela. Souffrez, en lisant les lignes qui suivent, que la bulle illusoire s’éclate.



Nous avons tous grandi avec des blessures que l’on porte dans notre âme, dans notre coeur et que nous reflétons dans nos comportements vis-à-vis des autres. Ces blessures, qu’on arrive difficilement à refermer, créent des êtres incomplets, révoltés, dépendants, haineux, méfiants, manipulateurs, tristes… et inévitablement malheureux et qui souvent rendent les autres encore plus malheureux. L’amour n’est pas un réparateur d’enfance malheureuse. L’amour n’est pas un pansement à nos blessures. L’amour ne recolle pas les morceaux d’un coeur qu’on a donné en pâture à un/une pervers (e) narcissique.  


Nous espérons tous que l'amour viendra combler nos vides, guérir nos blessures de rejet, d'abandon, d'humiliation, d'injustice et de trahison. Pourtant, nous nous trompons. Jamais l’autre ne remplira ces cases vides. Jamais l’autre ne devinera ces attentes - et même si elles sont sues, même avec toute la volonté du monde il/elle ne réussira pas à les satisfaire - et s’atteler à nous combler. L'amour ne repose pas sur l'autre pour trouver paix et harmonie. Ce n’est pas là, la fonction de l’amour. Entrer incomplet dans une relation en espérant en ressortir comblé est une illusion. Il n’en sera jamais autrement.


Cette réalité peut être dure à accepter. Lorsque Shakespeare nous donne Roméo et Juliette, et que notre culture célèbre cette histoire comme l'archétype de l'amour véritable, il est facile de croire que l'autre est notre sauveur ou quand l’autre s’en va, on croit que la vie n’a plus de sens et ne mérite plus d’être vécu. Quand les “plus belles chansons” nous disent que l’autre est le soleil de nos jours, la lune de nos nuits, notre plus beau rêve… notre raison de vivre… et que les “plus belles histoires” qu’on nous vende nous présente des personnages qui s’oublient pour l’autre parce que sans lui/elle nous sommes incomplets (tes), c’est normal que l’on croit aujourd’hui, l’amour, c’est l’autre. Le bonheur, c’est l’autre. L’avenir, c’est l’autre. Et que sans lui/elle la vie est une bière sans alcool. Du gateau sans sucre. Une musique muette. 


Devinez quoi? L'amour ne se trouve pas dans l'autre. Il ne commence pas avec ce regard aguicheur et insistant, un dernier vendredi de janvier. Non plus en contemplant un sourire café au lait sur une photo qu’on a prise un premier dimanche de février à l’église. Ne faites pas attention aux deux dernières phrases. Ce ne sont que des exemples. Fictifs. 


L'amour naît en nous. Il est intrinsèque et s'épanouit de l'intérieur. Pour aimer autrui, il est essentiel de s'aimer soi-même.


Beaucoup d’entre nous qui disons être des disciples du Christ et attendons le secours du bonheur de l’autre, ne comprenons pas un de ses plus importants préceptes: “aime l’autre comme toi-même”. Les premises de cette recommandation soulignent que pour donner de l’amour, il faut l’avoir déjà expérimenté avec soi-même. Jésus par cette parole nous dit indirectement que l’on doit s’aimer d’abord. Qu’il est normal de s’aimer. Que l’apprentissage de l’amour commence avec soi-même. S'aimer n'est pas égoïste, c'est le fondement même de l'amour véritable. On ne peut pas aimer l’autre si on ne s’aime pas soi-même. 


Bon là, Jésus n’a rien pipé sur les milliards de raisons qui peuvent nous empêcher de nous aimer d’abord. Mais dans leurs gênes, l’homme et la femme avaient heureusement cette faculté qu’on appelle intelligence. Cette dernière nous a permis au fil des millénaires, de comprendre, d’analyser et même de prévoir nos schémas de comportement. Saviez-vous qu’un enfant non désiré ou abandonné par son père, en embryon étant, connait déjà le rejet et l’abandon? Saviez-vous que telles blessures, si elles ne sont pas colmatées par un amour inconditionnel de son plus proche entourage feront de lui ou d’elle un être qui va très mal “dealer” avec l’amour? Ce n’est q’un  exemple parmi tant d’autres.


Devenu (e) adulte, celui ou celle qui n’a jamais été conscient (e) de ces déchirures comptera toujours sur les autres pour le guérir ou fera subir aux autres les maux qui érodent son être. Il/elle deviendra un ou une dépendant (e) affectif (ve) ou un/une pervers(e) narcissique. La première pathologie a plus de chance d’être circonscrite si elle est identifiée et que la personne qui en souffre trouve de l’accompagnement auprès de professionnels de la santé mentale. Quant à la seconde, les possibilités de guérison sont infiniment minces. Un/une perverse narcissique c’est comme un vampire qui ne vit que de sang. Celui-ci ou celle-ci vit pour faire souffrir l’autre et est dépourvu de toute empathie. Il/elle manipule, minimise, développe une dépendance chez l’autre par rapport à lui/elle… Mais tout ceci c’est pour combler son insécurité viscérale. 


Sans cette auto-acceptation, nous devenons soit des victimes, soit des bourreaux, incapables d'aimer authentiquement et développant des dépendances. Les attentes inassouvies mènent à la souffrance. La seule voie de sortie est de chercher de l'aide, car seul, le chemin vers la guérison est semé d'embûches. Ce processus de guérison de l'enfant intérieur blessé, d'acceptation de soi, de pardon et d'amour propre est essentiel pour vivre en harmonie avec soi-même et être prêt à aimer véritablement.


Il sera quasiment impossible de s’en sortir tout seul. Avec toute la volonté du monde, vous commencerez le changement. Mais les émotions, les manques, les besoins, les habitudes… disparaitront de temps en temps. Mais ils réapparaîtront plus forts qu’avant. Il y a tout un processus par lequel vous devez passer pour guérir l’enfant blessé qu’il y a au dedans de vous, pour vous accepter dans votre imperfection, vous pardonner et finalement vous aimer, suffire à vous même, vivre avec vous même, être bien avec vous même et finalement être heureux avec vous même. Ce n’est qu’à ce moment que vous serez prêt (e) à donner et à recevoir de l’amour. Vous n’aurez pas d’attentes à combler, vous n’aurez pas d’incomplétudes et votre bien-être ne dépendra pas de l’autre. Et toute relation devient un complément, non une nécessité à votre bonheur.


Quand vous vous aimez, vous n’accepterez plus de comportement toxique, contrôleur, manipulateur de l’autre. Et vous ne resterez pas dans une relation destructrice, espérant vainement combler un vide affectif. Quand vous vous aimez comme il faut, vous ne bâtirez pas de relation où l’autre sera votre souffre-douleur parce que croyez que la souffrance de l’autre apaisera la vôtre.


Si l’autre pour une raison quelconque décide de quitter le navire, vous serez pas perdu parce que vous étiez déjà complet sans lui ou sans elle. Et vous aurez appris des choses de cette expérience qui renforceront votre personne.


Mais diriez-vous que tout ceci est bien beau et facile à dire. Mais comment arriver à cette auto-suffisance, à cet amour de soi, à cette confiance en soi, à cette complétude? Bien que le processus peut être long et ardu, mais la solution est toute simple: elle est dans l'aide professionnelle d'un thérapeute ou d'un coach de vie certifié. Je rivens de loin. Et je  suis aujourd’hui loin, très loin de là où j’étais il y a peu. Et j’ai appris que l’amour n’est pas l’autre. L’amour est d’abord soi. Je ne parle pas ici de ce nombrilisme arrogant et contre productif. Je parle de cette prise de conscience pour comprendre que vous méritez le meilleur et le meilleur pour soi vient de soi-même, une responsabilité qui nous incombe entièrement.


Gaspard DORÉLIEN, MA


OTTAWA

27.02.24

16h16

vendredi 23 février 2024

L’équilibre marocain, ce midi

 Ce vendredi, j'ai visité le Maroc tout en restant à Ottawa. C'est l'avantage d'habiter dans une ville cosmopolite : on peut parcourir le monde sans se déplacer. À "Casablanca", un petit restaurant situé dans le marché d'Ottawa, en plein centre-ville, j'ai découvert toute la richesse de la cuisine marocaine. Petit récit.


Ma collègue et moi avions décidé de laisser le hasard choisir notre découverte culinaire du midi. Arrivés à la rue ByWard, non loin de la Librairie du Soleil (mon nouvel endroit préféré à Ottawa), j'ai d'abord proposé des sushis. Mais ce n'était pas de son goût, n'ayant jamais essayé et ne souhaitant pas le faire aujourd'hui. J'hésitais alors entre un restaurant libanais et un autre spécialisé en “noodles”.

Le nom “Le Casablanca”, jouxtant l'entrée du marché, a attiré mon attention. Faisant confiance à mon intuition pour dénicher de bons restaurants dans la capitale fédérale, ma collègue m'a suivi sans hésiter. Nous ne savions pas encore que nous étions partis pour un inoubliable voyage culinaire au Maroc, dans l'authentique cuisine du pays d'origine de l'excellent comédien Rachid Badouri.

Bien que différent du cadre chic et luxueux 1 Elgin du CNA, le décor du restaurant m'a plu. La nourriture, déjà prête, était soigneusement exposée dans une vitrine. Le choix était difficile tant les plats semblaient appétissants. L'hôtesse nous a proposé un combo pour deux, incluant toutes les viandes et accompagnements.

L'agneau était tendre, épicé avec modération. Le riz, teinté au safran, était satisfaisant. J'ai mangé les deux saucisses seul, ma collègue ayant choisi de les éviter. Mais elle ne savait pas ce qu'elle manquait. Elles étaient délicieuses. Le couscous et la pomme de terre rôtie étaient agréables, tandis que la carotte, le chou, le chou-fleur et les pois chiches complétaient ce généreux plat qui nous a pleinement rassasiés.

Nous avons conclu ce repas gargantuesque avec du thé marocain : de la menthe fraîche infusée, sucrée au sirop de miel à ma demande, servie dans des petits verres transparents. On nous a donné toute la théière, permettant à chacun de nous de savourer plusieurs verres de cette délicieuse boisson chaude.

Les deux clients à la table d'en face sont partis, et un fin bâtonnet parfumé a été placé sur leur table. L'odeur me rappelait celle de l'encens, mais moins forte et moins agressive pour l'odorat. N'ayant jamais visité le Maroc, j'imagine que l'ambiance dans un restaurant typique là-bas ne doit pas être très différente, surtout avec une radio diffusant en continu une conversation dans une langue étrangère. J'ai demandé à notre serveuse souriante de confirmer : c'était bien une radio marocaine, et la langue que j'entendais était le “Darija”. Elle m'a épelé DAGRIA, un détail qui a piqué ma curiosité de francophone, me demandant comment DAGRIA pouvait se prononcer DARIJA. L'ethnocentrisme, quand tu nous tiens !

Ma collègue m'a couvert de remerciements, estimant avoir exceptionnellement bien mangé et de manière équilibrée. Quant à moi, j'ai trouvé la cuisine particulièrement bien équilibrée : les épices, bien que nombreuses, n'étaient pas agressives et respectaient les saveurs originales des aliments. C'était un mélange pétillant, doux et varié.

Ce fut un vrai bonheur de visiter le Maroc ce vendredi. La rue ByWard est un véritable trésor de restaurants. Notre prochaine aventure culinaire nous mènera quelque part en Orient, mais je n'en dis pas plus. En attendant, le Casablanca à Ottawa vient d'ajouter une raison de plus de visiter un pays où j'airai pour manger. Rien que pour manger!

Gaspard DORÉLIEN, MA

Ottawa,
23.02.24
13:13

mardi 20 février 2024

Que serait la vie sans musique ?

Je me répète encore. Musique sur les routes grises d'Ottawa, émotions fortes, larmes discrètes. Je n'y peux rien. Quand ça me plaît, les larmes ne sont jamais loin. Mais cette fois-ci, mes deux compagnes de route n'ont rien vu. Le ciel grisâtre est devenu bleu. Avec “Desert Rose” de Sting et “Flora's Secret” d'Enya, j'ai comme flotté en conduisant. Une fois de plus, j'aurais été le plus heureux si la vie m'avait quitté à cet instant. Que serait la vie sans ce don divin qu'est la musique ? Vous savez, vous ? J'imagine un tableau morne et mortel !


Huit mois se sont écoulés depuis que je n'y ai pas goûté. Recommandation de mon médecin de famille. Interdiction héritée de la montagne russe qu'ont été mes jours en 2023. Le café, qui ici ne garde pas la promesse de son odeur, m'a appelé ce matin. Je l'ai travesti en y ajoutant deux cuillères à soupe de lait malté (Ovaltine). J'ai presque retrouvé la béatitude connue sur la King Edward ce matin, avec les haut-parleurs qui diffusaient toute la poésie de “Desert Rose” et toute la douceur divine de la voix d'Enya dans “Flora's Secret”.

Un cortège de mots parlant de rêves, de pluie, de désert rose, de fleur du désert, d'intoxication à l'amour, de ciel vide... tout cela dans une orgie entre le violon, la batterie, la guitare... et une vocalisation qui vous donne de doux frissons aux tympans. La musique est la mémoire des souvenirs qui tempèrent ou volcanisent mon cœur. Mes sens entrent en transe quand les paroles se font complices des instruments, épousant des symphonies assimilables à de la magie pure. Je me contiens en présence des autres, comme ce matin. Seuls mes yeux ont trahi mes émotions, humides à souhait. Les mêmes larmes reviennent à chaque écoute. C'est en boucle que j'écoute ces perles, sans jamais me lasser.

Je sais que je blasphème en tentant d'utiliser des mots pour traduire l'effet de la musique sur moi. Ce que je vis avec les sons qui me parlent relève du divin. Je suis à la fois apaisé et bouleversé. Dans ces cas, la vie me paraît insuffisante lorsque j'embrasse une musique. J'aspire à d'autres expériences. C'est pourquoi l'idée de mourir dans cet état me hante.

Si je connaissais l'heure exacte de ma mort, j'aurais sur les oreilles les écouteurs les plus puissants au monde, réglés à un volume capable d'éclater les tympans, avec l'une de mes playlists en mode répétitif. Des musiques qui me rappelleraient ma mère, mon enfance à Thorland, mes journées sans fin au Collège Catherine Flon, mes moments à la Faculté des Sciences Humaines, mes peines d'Haïti à Brooklyn, à Minneapolis, à Paris, à Sheffield... et mes éternels matins gris à Ottawa. Oui, je dois mourir en musique, avec tous mes rêves réalisés et manqués sur le cœur. Tel est mon dernier vœu. Que je meure en musique !

Gaspard DORÉLIEN, MA Ottawa 20.02.24 12h12 PM


jeudi 15 février 2024

Ma meilleure lecture depuis 2024

Je n’ai pas eu à réinventer la roue. J’ai lu le livre en 24 heures et j’ai été comme métamorphosé. J'ai mûri, aimé davantage, pardonné. Et je m’apprête, À l'instar de Camille, la protagoniste principale du roman “Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une”, de Raphaëlle Giordano, à restituer ce que j’ai appris. Pas dans ce compte rendu de lecture. Bien entendu!



Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une est un roman écrit par une femme, pour les femmes. Que les foudres des féministes trop ailées ne me terrassent pas, mais il existe bien une littérature féminine. Avec des sujets éminemment féminins et écrit dans le langage qui ne devrait appâté que les femmes, au regard des construits que la société a forgé pour le deuxième sexe. Mais, définitivement après avoir découvert en 2022  la magie de la littérature “girly” avec Virginie Grimaldie, j'ai décidé de m'affranchir des préjugés masculins et de m'y plonger. Deux catégories de personnes devraient s’y verser: toutes les femmes et les hommes intelligents.


Bien loin d’une histoire faite de paillettes et de prince charmant (que Dieu me préserve de certaines foudres), “Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une”, est un véritable ouvrage de reconstruction de soi, d'atteinte du bonheur, de lâcher-prise, de soulagement par le pardon et du concept de "hâte-toi lentement".


À travers l’histoire d’une femme, Camille, aidée d’un “routinologue”, nommé Claude, on a le loisir de suivre étape par étape comment l’on peut arriver à changer notre routine maladroite, étriquée par toutes les vicissitudes de l’existence, à une vie épanouie dans son couple,  renouer avec son enfant et ressusciter un rêve oublié pour en faire le pivot de sa vie transformée.


C’est un livre avec des dialogues, un poil, clichés, et quelques invraisemblances, mais au bout de la ligne, c’est un merveilleux livre que nous a sorti Raphaëlle Giordano. Une bouffée d’espoir dans l’exigeante et fugace réalité à l’ère de la réussite que tout le monde affiche sur les réseaux sociaux et où tout les monde est bon ou est la victime de l’autre.


Je l’ai lu en 24 heures. En fait, 32 heures pour être précis. Et c’est jusqu’à présent, ma meilleure lecture, mon meilleur investissement de temps en littérature du deuxième sexe depuis le 1e janvier 2024.

Je le recommande vivement. Et vous me ferez savoir si, oui ou non, vous allez, vous aussi restituer aux autres une partie de la nouveauté qui émaille votre vie. Seuls ceux et celles qui arriveront à la fin du 35e chapitre saisiront pleinement ma pensée. Bonne immersion!


Gaspard DORÉLIEN, MA

Ottawa

19h19

15.02.24

dimanche 11 février 2024

90 minutes de pure merveille par Corneille



Il a laissé pousser sa barbe sous son menton, maintenant tout grise. Ses cheveux affichent une coupe différente, également parsemée de fils argentés. Ses lunettes aux larges montures noires encadrent son visage. Il est méconnaissable par rapport à celui qui avait envoûté le Parc Historique de la Canne-à-Sucre le 18 décembre 2011 à Port-au-Prince. Treize ans plus tard, à Gatineau, moi et probablement plusieurs dizaines parmi les nombreux Haïtiens présents dans la salle, l'avons retrouvé au Québec, le samedi 10 février 2024.

Sa voix n'a pas pris une ride, tout comme sa capacité à captiver son public. Quatre-vingt-dix minutes de pure merveille. C'est ce que Corneille a offert à la Salle Odyssée ce samedi soir de février 2024, à Gatineau. La salle était remplie de fans de 10 à 80 ans. Pour nous, Haïtiens, cela a été particulièrement marquant, revenant sur ce moment vécu avec lui à Port-au-Prince en décembre 2011. Nous avons savouré ce concert avec une intensité double. Revivre ce moment où assister à un concert un dimanche soir n'était pas interdit. Car depuis plusieurs années, nos compatriotes reçoivent des armes et des munitions qu'Haïti ne fabrique pas pour semer la terreur. L'excitation ou le bonheur d'un tel moment à Port-au-Prince est un rêve que seuls des héros osent faire.

Les premières notes de sa voix douce ont résonné dans la salle à 20h12. Ce n'était pas une chanson que je connaissais. Mon amour pour sa musique s'était figé dans le temps depuis son album "Parce qu'on vient de loin," sorti en septembre 2002, même si je l'ai réellement découvert en 2004. Le deuxième morceau m'a parlé. C'était "Le jour après la fin du monde." Des titres que je connaissais se glissaient entre d'autres que je n'avais jamais écoutés. Mais l'atmosphère restait constante. Les fans les plus fervents répondaient en chœur et dansaient en harmonie avec l'artiste, diffusant le bonheur à travers sa voix, soutenu par ses deux choristes et sa bande de musiciens.

Corneille a annoncé qu'il allait faire faire tout un tas de choses à ce public enthousiaste. Une promesse qu'il a tenue, en invitant surtout les hommes à l'aider à rendre hommage à la femme à travers son morceau légendaire "Le Bon Dieu est une femme." Il semblait n'y avoir que des hommes assez éclairés dans la salle pour admettre que le Bon Dieu ne peut être qu'une femme. Ils ont été des choristes exceptionnels, a reconnu Corneille.

À partir de cette chanson, presque toute la salle a assisté debout au reste du concert. Ce sont des morceaux que tout le monde, vraiment tout le monde, même moi, connaissait.

C'était un moment merveilleux. Le public s'est connecté avec l'artiste, et lui, tout sourire, a livré la marchandise. Il ne doit vraiment pas exister beaucoup d'autres expressions artistiques comme la musique pour nous donner des ailes pour voler côte à côte avec le bonheur. Merci, Corneille!

Gaspard Dorélien, MA

10.02.24

23h23

vendredi 9 février 2024

J’ai testé le menu du chef Paul Toussaint au 1 Elgin pour vous


J’étais parti pour choisir au pif, un restaurant gastronomique, ce vendredi, à l’heure du déjeuner. En longeant Elgin Street, au coeur d’Ottawa, je me suis rappelé qu’un fin gourmet m’avait dit que le fameux chef haïtien au Canada, Paul Toussaint, avait ouvert un restaurant au Centre National des Arts. J'ai entraîné ma collègue, qui m'accompagnait, dans les splendides locaux du CNA.Nous avons tous deux opté pour le griot avec "plantain chips". C'était exquis. Mais sauf que le chef Toussaint n’est pas  propriétaire 
Le plat griot  du chef Paul Toussaint au 1 Elgin                                                                                                                     

 du 1 Elgin. Je vous explique!


En fait, c’est moi qui avais mal compris l’information. La personne qui m’avait parlé du restaurant ne m’avait pas dit que le restaurant était au prodige venant de Jacmel, Haïti. Mais plutôt qu'il était l'heureux bénéficiaire du programme de Chefs en résidence de cette célèbre adresse gastronomique et culturelle d’Ottawa. J’étais tout heureux en pénétrant le restaurant tout en me disant intérieurement que là, il n’y avait pas de doute, Paul Toussaint avait de très gros moyens. Le cadre, luxueux, impeccable ne correspondait pas du tout à l’image d’entrepreneurs naissants que j’ai des compatriotes de ma communauté. 


Le chef en résidence au 1 Elgin, propose un menu inspiré de son propre menu. Donc, le chef Toussaint  offre sa carte haïtienne/caribéenne de son restaurant Kamú de Montréal aux fins gourmets du centre-ville d'Ottawa jusqu'au mois de mars. J'ai testé pour vous et j'ai été séduit! Conquis!


Même si vous êtes un habitué de la haute cuisine, et particulièrement si vous êtes Haïtien, vous serez agréablement surpris par le dressage de notre fameux griot de porc. Permettez-moi de vous décrire le plat que ma collègue et moi avons eu le plaisir de savourer. 


Le Chef Paul Toussaint (Photo Darwin Doleyres)

Avant de parler du plat, laissez-moi vous décrire le cadre. Il faut descendre au P1 et longer plusieurs couloirs ornés de photos de plats appétissants soigneusement présentés. Le restaurant est vaste et peut accueillir une centaine de clients, voire plus. Les chaises rembourrées en faux cuir blanc et les tables en bois noir sans nappes créent un contraste saisissant. Le bar se trouve au centre de la salle qui baigne dans la lumière provenant de la baie vitrée de la terrasse qui borde le 
Le Chef Paul Toussaint (Photo Darwin Doleyres)

canal rideau. Le cadre, fort agréable, est propice à des moments inoubliables.


Les prix ne sont pas très lourds. Et le menu reflète véritablement les saveurs caribéennes. Lambi, Soup joumou, griot, “poisson haïtien”… côtoient la salade césar de la maison.


Notre choix de griot est présenté dans un plat noir allongé où les petits quartiers de viande reposent sur un lit de “pikliz”de choux. Les chips de banane plantain ondulés s'entremêlent avec la viande et des brins de cresson alénois. Une sauce acidulée-sucrée-salée fait briller les morceaux de griots frits à la perfection: croustillants et juteux en même temps. Une tranche de citron achève la présentation appétissante du plat. J’applaudis des deux mains la créativité du chef Toussaint.



Pour un Haïtien, féru de piment comme moi, la pikliz qui n’était absolument pas piquante a déplu. Mais le griot était parfait! Ma collègue a aussi aimé, mais n’a pas apprécié autant que moi la sauce aigre-douce ajoutée au griot. Ma collègue a également apprécié, même si elle aurait préféré que la sauce aigre-douce soit servie à part. Selon elle, la sauce a altéré quelque peu la saveur authentique du griot. Quant à moi, je ne discute pas des goûts. En tant que bon aventurier culinaire, j'ai apprécié cette nouvelle expérience. 


Le 8 mars, Amanda Ray, Cheffe Exécutive au Drake Devonshire succédera au Jacmélien qui fait la fierté de la gastronomie haïtienne sur la paisible terre du Canada. Il parait que la transition ce sera tout un événement. J’ai demandé à quelqu’un de m’inviter. Si c’est fait, vous aurez de mes nouvelles, à nouveau avec le chef Toussaint. Sinon, au plaisir de vous faire saliver vendredi prochain, au coeur de la ville d’Ottawa.


Gaspard Dorélien, MA

09-02-24

15h15