dimanche 11 février 2024

90 minutes de pure merveille par Corneille



Il a laissé pousser sa barbe sous son menton, maintenant tout grise. Ses cheveux affichent une coupe différente, également parsemée de fils argentés. Ses lunettes aux larges montures noires encadrent son visage. Il est méconnaissable par rapport à celui qui avait envoûté le Parc Historique de la Canne-à-Sucre le 18 décembre 2011 à Port-au-Prince. Treize ans plus tard, à Gatineau, moi et probablement plusieurs dizaines parmi les nombreux Haïtiens présents dans la salle, l'avons retrouvé au Québec, le samedi 10 février 2024.

Sa voix n'a pas pris une ride, tout comme sa capacité à captiver son public. Quatre-vingt-dix minutes de pure merveille. C'est ce que Corneille a offert à la Salle Odyssée ce samedi soir de février 2024, à Gatineau. La salle était remplie de fans de 10 à 80 ans. Pour nous, Haïtiens, cela a été particulièrement marquant, revenant sur ce moment vécu avec lui à Port-au-Prince en décembre 2011. Nous avons savouré ce concert avec une intensité double. Revivre ce moment où assister à un concert un dimanche soir n'était pas interdit. Car depuis plusieurs années, nos compatriotes reçoivent des armes et des munitions qu'Haïti ne fabrique pas pour semer la terreur. L'excitation ou le bonheur d'un tel moment à Port-au-Prince est un rêve que seuls des héros osent faire.

Les premières notes de sa voix douce ont résonné dans la salle à 20h12. Ce n'était pas une chanson que je connaissais. Mon amour pour sa musique s'était figé dans le temps depuis son album "Parce qu'on vient de loin," sorti en septembre 2002, même si je l'ai réellement découvert en 2004. Le deuxième morceau m'a parlé. C'était "Le jour après la fin du monde." Des titres que je connaissais se glissaient entre d'autres que je n'avais jamais écoutés. Mais l'atmosphère restait constante. Les fans les plus fervents répondaient en chœur et dansaient en harmonie avec l'artiste, diffusant le bonheur à travers sa voix, soutenu par ses deux choristes et sa bande de musiciens.

Corneille a annoncé qu'il allait faire faire tout un tas de choses à ce public enthousiaste. Une promesse qu'il a tenue, en invitant surtout les hommes à l'aider à rendre hommage à la femme à travers son morceau légendaire "Le Bon Dieu est une femme." Il semblait n'y avoir que des hommes assez éclairés dans la salle pour admettre que le Bon Dieu ne peut être qu'une femme. Ils ont été des choristes exceptionnels, a reconnu Corneille.

À partir de cette chanson, presque toute la salle a assisté debout au reste du concert. Ce sont des morceaux que tout le monde, vraiment tout le monde, même moi, connaissait.

C'était un moment merveilleux. Le public s'est connecté avec l'artiste, et lui, tout sourire, a livré la marchandise. Il ne doit vraiment pas exister beaucoup d'autres expressions artistiques comme la musique pour nous donner des ailes pour voler côte à côte avec le bonheur. Merci, Corneille!

Gaspard Dorélien, MA

10.02.24

23h23

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