samedi 25 mars 2023

Zèklè à Montréal: retrouvailles, nostalgie et de “l’or en bouche”


C’est une rencontre, un oasis dans la grisaille de ce territoire de l’Amérique du Nord, des retrouvailles… qui n’auraient pas dû avoir lieu. Joël Widmaïer, le lead vocal de Zèklè, pert sa voix la veille. La possibilité d’annuler cet événement attendu était même sur le tapis. Ce pire a été évité. Le miracle a eu lieu. À l’auditorium du Collège Ahuntsic, à Montréal, le samedi 25 mars, un public enjoué s’est communié avec la bande, a complété la voix du chanteur principal, pour s’offrir du bonheur, des retrouvailles avec des sons qui ont dévalé le temps pour se laisser rattraper ce samedi soir… “De l’or en bouche” comme l’a si bien qualifié Nerlande Gaëtan Civil, coordonnatrice de la Compagnie Théâtre Créole, instigatrice de ce concert mémorable.


Mémoire ressuscitée 


 Ce qui reste de plus précieux dans le vécu de chaque homme et de chaque femme est monté de A à Z de souvenirs. 

On garde précieusement et jalousement la mémoire de tout ce qui nous a fait rire, pleurer, réfléchir, maudire, plébisciter… des bouts de notre vie. C’est ce ciment qui a soudé tout le public, yeux allumés, oreilles en alerte, voix synchronisées… pendant 90 minutes d’horloge. La musique de Zèklè a été pour tous, pour toutes, en tous, en toutes, par tous et par toutes. 


Ce sont des hommes et des femmes qui connaissent Zèklè et tout son répertoire qui se sont agrippés au bonheur des souvenirs qui ont 20 à 40 ans d’âge. 


Du vieux et du neuf


Ce n’est pas le Zèklè qui compte 40 ans qui a fait le déplacement. Certains membres de ce groupe sont partis pour l’au-delà depuis plusieurs années. Le dernier,  le virtuose du tambour, Arius Joseph, a fait le grand saut le 20 mars, 5 jours avant la date de ce concert. Mais des doigts d’or de la musique haïtienne se sont joints à Joël, à Mushi… pour faire renaître sons et paroles qui ont fait le quotidien des trentenaires, des quarantenaires… et des septuagénaires présents dans l’amphithéâtre du Collège Ahuntsic. Raoul Denis Junior, Ti Claude Marcelin, Gérarld Kébreau, Kéké Bélizaire et Fabrice Rouzier, entre autres, ont valablement remplacés ceux qui n’étaient plus là. 

Emmanuela, la plus jeune sur le podium et choriste de la circonstance a magistralement joué le duo avec Joël sur deux légendaires morceaux du groupe, dont “Ou te di m”. 


Du vieux, bonifié, du neuf, pétillant, se sont épousés pour faire de cette soirée un moment de béatitude parfaite. 


Point besoin d’être devin pour réaliser que ces Haïtiens qui ont laissé cette Haïti qu’ils chérissent, se sont abreuvés de ces bribes de leur pays qui ont flotté sur tous les airs chantés et fredonnés ce samedi 25 mars.

Plus que des souvenirs, c’est l’odeur, le goût et les cris de cette terre de soleil qui les habite que Zèklè les a fait revivre durant ces 90 minutes. 21h53. La dernière note du concert s’est tue. Mais tous et toutes sont partis à travers les rues enneigées de Montréal, avec des échos éternels dans la tête et dans le cœur. 


Gaspard DORÉLIEN, MA 

Montréal

samedi 4 mars 2023

Virginie Grimaldi a le don divin

Cette autrice ne crée pas juste des histoires. À l’instar de Dieu, elle crée des mondes, des êtres, des personnages plus vivants que ceux que l’imaginaire dessine quand on s’abreuve d’un récit.


J’ai pleuré sur le dernier chapitre de son roman “Tu comprendras quand tu seras grande” et davantage sur les derniers paragraphes de l’épilogue de “Les possibles”. Pour ce dernier, les larmes m’ont fortement brûlé la rétine. Les mots de Grimaldi doivent avoir cette magie qui peut catapulter le cœur et l’âme dans la galaxie du sensible. Cru. Tangible.

C'est décidé, j’adopte Virginie Grimaldi

Il y a une telle candeur dans l’image des héroïnes de ces deux romans; une indescriptible beauté dans les dires; un ressenti qui vous tord les tripes à chaque chapitre; un réalisme majestueux à chaque relance; un humanisme merveilleux dans les familles qu’elle nous offre comme amies tout au long de la lecture; une tendresse généreuse qui habite chaque pan de l’histoire. J’adopte Virginie Grimaldi. Je lirai tous ses romans avant l'été 2023. Promis.

Je termine à peine "Les possibles" que je commence déjà à dévorer “Le premier jour du reste de ma vie”. Ce sera au prix d’une promesse ratée que je m’étais faite: “terminer au 28 février 2023 le volumineux et entraînant roman “Americanah” de la très talentueuse romancière nigérienne, Chimamanda Ngozi Adichie. Je terminerai avant la fin de la semaine prochaine les 16 chapitres qui restent à abattre des 55 que contient ce petit bijoux de la littérature americano-nigérienne.


La découverte fortuite de Grimaldi

J’ai découvert Virginie Grimaldi grâce à la photographe, paysagiste et protraitiste, Sherlyne Volel, qui a posté sur le statut de son profil WhatsApp, en 2022, un extrait de “Il est grand temps de rallumer les étoiles”. Ce roman, je l’ai terminé à la première semaine du nouvel an. J’ai aussi lu que ses romans étaient du genre  “girly”. Mais après avoir été happé par le premier, je viens de dévorer comme un affamé de lettres, un deuxième ensuite un troisième et je me fonce, déjà tout conquis, dans la lecture d’un quatrième. J'en suis au 18e chapitre. Et je le répète: j'adopte cette autrice. Qu'on classe ses écrits dans la catégorie de littérature pour femme, je m'en moque. Je rejoins, yeux fermés, coeur ouvert, âme sensible... le club de ses groupies. 

J’ai toujours aimé les personnages féminins dans les romans. Et cette écrivaine sait comment les créer avec toute la force et la faiblesse d’une humaine qui est vraie. Singulière. Authentique. Le genre d'humaine aimable, aimante et inspirante.

J’ai versé des larmes pour chanter toute la beauté de ces livres. Je pleure souvent devant le charme d’une chanson mélancolique, devant la fin heureuse ou malheureuse d’un film savamment réalisé. Mais Grimaldi est la première à m’arracher des larmes pour un livre. Que dis-je? Deux livres. Cela doit être pour ça qu'elle est l'écrivaine française la plus lue.

Dans les trois romans de cette autrice française que j’ai lus jusque là, on fait connaissance avec des situations plus vraies que nature, décrites avec un humour non forcé. Les deux derniers romans mentionnés plus haut, sont de véritables “sprint” pour apprendre et maitriser l’art de la répartie. Vous comprendrez tout, si vous aussi, lisez ces palpitantes histoires drôles, profondément humaines, psychologiques et incontestablement vraies!

“Tu comprendras quand tu seras grande”

“Tu comprendras quand tu seras grande” est conté du point de vue d’une psychologue qui, pour échapper à ses démons, postule dans une maison de retraite, Les Tamaris"  pour encadrer les résidents. Alors qu’elle même mériterait d’être encadrée pour faire face aux maux internes qui la déséquilibre littéralement. Mais tant bien que mal, elle arrive à impacter, à même changer, pour le meilleur, l’existence de ces mamies et papis qui vont l’adorer et qu’elle affectionne fort bien aussi.
En tentant d’aider ceux-là et celles-là qui arrivent au crépuscule de leur vie, elle s’est aidée elle-même à remonter la pente des traumatismes qu’elle traine douloureusement. Mais il faut lire jusqu’à la fin pour comprendre que c’est à dessein qu’elle a été à cette maison de retraite. En bonus, elle y retrouvera l’amour. Je n’en dis pas plus. Je vous laisse découvrir, de par vous-même, les contours et les aboutissants de ce tendre roman. Le troisième roman que j’ai lu de cette autrice n’en fut pas moins exaltant.

Les possibles


Dans "Les possibles", Grimaldi nous installe au cœur des fortes émotions d’une héroïne aux prises de son père qui perd le contrôle de son psyché, de son fils qui accuse du retard d’apprentissage, de sa mère qui se rebelle contre les rides et les regrets d’un amour familial qu’elle n’a pas su vivre au complet.

On apprend dans ce roman comment la patience et la tolérance, quand elles deviennent indispensables dans le quotidien, sont des qualités qu’on peut nourrir et laisser grandir.

On y apprend aussi comment ne pas devoir regretter plus tard les beaux souvenirs générés dans l’amour parental. Comment vivre et profiter de chaque parcelle d’affection, d’attention, de rires… que la vie nous offre au sein de notre famille.

C’est une histoire touchante, mais excessivement drôle. Mais les fous rires que vous emmagasinerez dans chaque chapitre du livre, ne pourront pas retenir des larmes dans la lecture de la fin. Bon, aucune gratie pour les larmes si votre âme n'est pas pareille à la mienne. 

J’ai tellement aimé l’héroïne, les réparties de son père, que j’ai recommencé la lecture de plusieurs chapitres pour retarder la progression de l’histoire. Les personnages ont été miens. J’ai connu la peur qu’ils me manquent quand j’aurai à refermer définitivement le livre. Et je vis déjà le chagrin de ne plus les avoir aussi vivants dans ma tête. Merci Virginie Grimaldi. Avec ta plume, tu es l’égale de Dieu.

Gaspard DORÉLIEN, MA
Ottawa, 04 mars 2023