lundi 27 mai 2024

L’idée d'être avec toi

Le hasard doit sûrement ne pas exister. Ce qui est aujourd’hui était juste un rendez-vous. J’ai adoré ce que tout le monde appellerait hasard ou accident dans la rencontre de la pétillante Solène (Anne Hathaway) et du gentil et audacieux Hayes (Nicholas Galitzine) dans le film "The Idea of You". Cette histoire (bien que je n’en sois qu’à la 56e minute) est une excellente leçon sur l’imprévisibilité et la tangibilité de l’amour. Je ne sais pas si les 61 minutes qui restent me décevront, mais j’adore l’idée d'être déjà avec toi. Amour!



J’ai toujours admiré Anne 
Hathaway. Il paraît que les années ont bonifié cette merveilleuse actrice qui ne fait pas ses 41 ans. Elle est sublime. Éclatante. Et incroyablement crédible dans ce rôle gênant qu’elle joue dans ce film, dont Gabrielle Union est l’une des productrices. Le jeu d’Anne est naturel, adroit et séducteur. Elle a 40 ans dans le film et développe une amourette avec un garçon de 24 ans. La connexion était inattendue. La relation, au regard de la logique sociétale, devrait être impossible. Dans la 70e minute et poussière, la dure réalité les rattrape ou du moins, rattrape la Solène de 40 ans. Je suis le déroulement. Espérant que Robinne Lee, actrice et autrice du roman du même titre, de qui le film a été adapté avait trouvé un dénouement à la hauteur de la première heure de l’histoire.


87e minute. J’adore jusqu’à présent le dénouement. J’adore le message lancé contre ce faussé généralement admis entre l’homme et la femme. Le premier sexe n’est jamais jugé quand il se met avec une jeunotte. Mais quand c’est le deuxième sexe que l’amour fait sortir des sentiers battus, on fait tomber sur son dos toutes les foudres du ciel.


Il est 4h30 du matin. Je dois être au bureau dans moins de 5 heures. Mais il reste encore 30 bonnes minutes avant la fin. Je croise les doigts contre toute déception.


89e minute. Je viens de hurler de surprise. Une surprise heureuse. Je ne vais pas vous “spoiler”. Je ne dis rien. Mais la dernière action dans le studio d’enregistrement entre Hayes et Solène est une perle. C'était tellement  inattendu, drôle et profond à la fois.


Continuons. Les doigts toujours croisés.


“Le monde déteste le bonheur des femmes”, vient de lâcher Tracy (Annie Mumolo), une copine de Solène. C'est probablement vrai. Mais, de ma perspective, je ne pense pas que ce soit différent pour les hommes. En tout cas, on n’a semblé avoir jamais aimé le mien.

Retournons au film, vite fait.


5h04. J’ai les yeux inondés. Pas une once de déception. C’est le meilleur film romantique que j’ai regardé depuis 2024. Un presque sans faute pour l'autrice et scénariste Robine Lee, pour le réalisateur Michael Showalter et surtout pour les deux personnages principaux, la délicieuse Anne Hathaway et le talentueux Nicholas Galitzine. L'amour, toi, tu es merveilleux. Ce sont les mauvaises combinaisons qui te souillent la plupart du temps. Sinon, l’amour est beau. Éternel. Magique. Remplissant.

The Idea of You, je vous le recommande. Vivement!


Gaspard DORÉLIEN, Master of Arts

Ottawa,

27.05.2024

5h12 AM


La bande annonce du film



samedi 25 mai 2024

Une esquisse de pas en exil

Bon, d’accord, ce n’est pas la première chanson qui me presse dans une urgence de danser. Mais “L’exil” de Laurie Darmon vient d’être la première à me titiller autant les jambes et tout le corps à esquisser des pas dans une lenteur pressante. Trop pressante !


Je l’ai découverte seulement hier. En vagabondant sur le story du compte Facebook d’une magnifique dame. D’ailleurs, je l’ai remerciée dans un commentaire pour la chanson. Depuis hier jusqu’à l’instant présent, mon téléphone doit se lasser de l’écoute en boucle de cette chanson.

La chanson est un hommage à sa grand-mère qui se retrouve sur une autre terre, un autre continent… elle évoque ses souvenirs. Les parfums, les couleurs… Elle parle de l’exil de sa grand-mère. Mais c’est fait avec une telle douceur dans un langage fort poétique. La musique est lente et tendre. La voix de Laurie aussi. Ce n’est peut-être pas le genre de texte qui inciterait un romantique comme moi à vouloir se lover dans les bras d’une femme pour arrêter le temps, le temps des 4 minutes de la chanson. Mais depuis la première écoute d’hier soir, je n’ai eu qu’une envie indécente : me fondre dans la lenteur complice de cette pièce.

À 11h, ce matin,  un corps, des bras d’une femme qui traînait dans l’appartement m’ont permis d’épouser cette urgence lente. Ses pas étaient gauches, après quelques corrections et suggestions, elle a retrouvé le rythme. On a synchronisé nos lenteurs. C’était presque parfait. Ça l’aurait été si ce n’était un instant que tous les interdits marquaient au fer rouge. Mais tant pis. Nous deux sommes déjà des exilés. Ce n’est pas l’exil chanté par Laurie qui nous ramènerait au pays.


Gaspard DORÉLIEN, MA

jeudi 23 mai 2024

Quand nous entravons l’amour

Les plus grandes entraves en amour sont les attentes. Si tu comprends cette assertion, nul besoin de continuer ta lecture. Sinon, lis jusqu’au dernier mot. Je décris ci-dessous comment nos attentes mettent en péril toute relation amoureuse.



J’en ai récemment parlé dans l’article “On nous a compliqué l’amour”. La première espérance illusoire que nous nourrissons en couple, c’est de désirer que l’autre nous comble de bonheur ou de chercher à le combler. 


La première méprise que nous commettons presque tous, c’est de voir le couple comme un lieu de réparation. Nombreux sont ceux qui se mettent en couple pour soigner une blessure d’enfance, pour se remettre d’une séparation douloureuse ou pour remplir un vide qui nous a toujours habités. C’est peut-être ardu à accepter et à assimiler, mais c’est un fait : “si on ne peut pas être heureux seul, on ne le sera jamais en couple.”


Le bonheur doit émaner de soi. On doit être suffisamment complet pour générer son propre bonheur. On se met avec l’autre pour prolonger notre bonheur ou pour partager tout l’amour et tout le bonheur que l’on portait déjà en soi. Permettez-moi de me répéter, le couple n’est pas un établissement thérapeutique. Votre partenaire ne peut pas et ne doit pas assumer le rôle de thérapeute. Si vous souffrez de traumatismes d’enfance, cherchez de l’aide. Guérissez-vous d’abord. Car c’est réalisable. Si votre cœur a été broyé, il y a moyen de recoller les morceaux et de le reconstituer. Oui, ce miracle est possible. Je témoigne d’expérience. Mais il est extrêmement difficile d’y parvenir seul. Les thérapeutes, les psychologues, les coachs de vie… sont aussi essentiels lorsqu’on souffre de ces blessures émotionnelles que l’intervention du médecin en cas de douleur abdominale. Pourtant, on minimise encore aujourd’hui la nécessité de ces professionnels du bien-être mental dans toutes les sociétés. C’est pourquoi nous avons tous tendance à compter sur l’amour pour nous restaurer. On entre dans une relation avec toute son entièreté. Notre amour. Notre bonheur. Nos rêves. Nos objectifs. Notre personnalité. Et toute notre disposition à partir lorsque le respect, la fidélité, l’amour… ne sont plus au rendez-vous. Car on doit suffisamment s’aimer et se valoriser pour ne pas tolérer l’intolérable. Pour ne pas implorer d’attention, de compréhension, de respect… Car si l’autre vous désire, tout cela sera offert généreusement sans que vous ayez à les réclamer.


Une seconde attente qui barre sérieusement la route à l’amour, c’est d’exiger que l’autre réagisse à notre manière, à notre sauce, selon nos propres normes. Nous sommes chacun formés d’une individualité découlant de notre éducation, de nos influences, du cadre émotionnel autour duquel nous avons gravité avant de rencontrer celui ou celle avec qui nous partageons un bout de chemin ou tout le reste de notre vie. Et chaque parcours est singulier et produit souvent des résultats uniques. Il est donc impensable de s’attendre à ce que l’autre puisse s’adapter à nos propres modèles. La meilleure démarche est de se souvenir que son partenaire est un individu unique, programmé différemment de soi. Et qu’il est normal que ses réactions ne coïncident pas avec les nôtres. Pour se prémunir de toute déception engendrant de la frustration, il faut éviter de se munir d’attentes précises. Car si on persiste dans cette direction, on pourrait s’engager dans une autre quête encore plus fatale pour la relation : le désir de changer l’autre ou penser qu’il ou elle va changer.


C’est encore un autre obstacle très, voire trop, courant dans les relations de couple : vouloir changer l’autre. Ceux qui nourrissent leur esprit d’une telle espérance se retrouvent invariablement sur le banc de la déception et de la frustration. Car ce que l’autre est aujourd’hui est le résultat d’une longue, d’une très longue évolution. Et ce rendu, même s’il peut ne pas être définitif, est souvent très ardu, pour ne pas dire impossible, à modifier. Sauf si l’autre prend conscience du modèle à changer et s’engage de manière déterminée et constante à effectuer ce changement. Et même là, il y a des cas où, malgré toute la volonté du monde, il ou elle n’y parviendra jamais seul. Prenons le cas d’un ou d’une pervers (e) narcissique. Il est improbable qu’il ou qu’elle cesse d’être ainsi, sans un suivi sérieux d’un thérapeute. Car un ou une pervers (e) narcissique est une victime d’un passé qui ne lui était pas du tout favorable et qui le prédispose corps et âme à être un fléau dans la vie des autres. Si vous avez le malheur de tomber sur une personne de cette catégorie et que vous espérez qu’elle change, “ou mèt vann Bondye jounen w” (vous pouvez vendre vos journées à Dieu), me répétait une certaine personne.


En définitive, pour libérer l’amour de toutes ces entraves et de nombreuses autres que nous n’avons pas abordées dans ces lignes, il faut se souvenir et appliquer l’une des règles fondamentales du Stoïcisme : “ne pas avoir d’attente.” Mais vous me demanderez immédiatement, comment ne pas avoir d’attente dans une relation amoureuse ? La réponse n’est pas simple. Car presque toute notre construction en tant qu’être social, nous prédispose à avoir des attentes vis-à-vis de l’autre. Mais il faudrait aussi vous demander pourquoi tant de relations amoureuses ne fonctionnent pas ou finissent par une rupture ? C’est parce que nous entrons dans les relations étant incomplets, malades, vidés… et par conséquent on compte sur l’autre pour nous compléter, nous guérir, nous remplir… 


Un ou une partenaire n’est pas un ou une thérapeute. C’est à nous, bien sûr accompagnés de spécialistes de la santé mentale, de guérir nos blessures, de remplir nos vides et de forger notre bonheur. Je me répète, si on n’est pas heureux seul, on ne le sera jamais en couple. Et si on s’aime assez fort et vrai, on sera bien dans sa peau et il sera plausible pour nous de ne pas avoir des attentes vis-à-vis de l’autre qui, lorsqu’elles ne sont pas satisfaites, engendrent amertume et frustration. La seule chose que l’autre nous doit, et que nous lui devons aussi, est le respect. S’il est présent, il n’y aura pas d’infidélité, pas de mépris, pas de négligence, pas de trahison… et le couple sera juste un terreau pour l’épanouissement de notre bonheur. Et non le lieu où naîtra notre bonheur. Ce dernier ne doit éclore qu’en nous. Si vous vous demandez comment le faire naître en vous ? Cela signifie que vous êtes qualifié pour chercher de l’aide. Et ça, c’est OK. Tous ceux et toutes celles qui ont cherché de l’aide en sont sortis victorieux (ses). Expérience vécue!


Gaspard Dorélien, MA

mardi 14 mai 2024

On nous a compliqué l'amour...

Si tu savais combien d'idées reçues ne correspondent absolument pas à la mission de l'amour dans un couple, tu ne te contenterais pas de mordre un doigt. Tu avalerais tout ton bras. Prends, par exemple : "rendre son/sa partenaire heureux(se) !" Figure-toi que cela relève d'une mission impossible. Pardonne-moi si je te parais prétentieux, mais j’ai l’explication. Continue de lire, je te prie !


L'exemple qui va suivre aura un air de déjà vécu pour beaucoup. Tu mets toute ton énergie, ta bonne volonté, toute la générosité du monde dans une idée de surprise pour ton/ta partenaire. En la concevant, tu te disais que cette surprise, ce cadeau, ce geste, cette parole, ce texto... l’aidera à être heureux(se) pendant au moins un demi-siècle (j’exagère). Et puis, surprise ! Surprise ! Il/elle ne bronche pas d’un millimètre en direction de la joie, voire du bonheur. Pire, il/elle s’énerve au contraire à la suite de ta démonstration d'idée du siècle.

Je ne dis pas que cela se passe toujours comme ça, parce qu'il arrive parfois que l'on tombe sur la bonne clé qui ouvre la porte de son bonheur. Mais devine quoi ? Ce n'est pas toi qui a réussi ton coup. C'est lui ou elle qui a choisi que ton attention était celle qui correspondait à son étincelle de bonheur. Pourquoi ? Parce que l'autre est heureux à partir des pensées qu'il ou elle choisit. Bien sûr, ce choix est l'émanation de toute une construction : comment il/elle a expérimenté l'amour avec ses parents, son entourage. Quelle présence lui a le plus marqué en fonction de son sexe ? Pour le féminin, était-ce la figure paternelle qui était marquante ou absente ? Pour le masculin, la bienveillance de la mère était-elle suffisante, étouffante ? Ce ne sont là que des exemples pris au hasard. Il y a des milliers de facteurs qui participent à cet édifice. Enfin, tout le vécu de l'autre l’aidera à lui concocter une idée du bonheur que tu n’arriveras jamais à combler. Parce que t'embarquer dans cette entreprise, c’est comme vouloir contrôler la pensée de l’autre, et ça, c’est soit mission impossible, soit t'investir dans la plus abjecte des entreprises : devenir une personne toxique. Et ça, c’est immonde.

Vouloir faire le bonheur de l’autre nous amène à marcher sur des œufs. À oublier d’être soi. À vivre pour l’autre. Et dans ce cas, à récolter déception et amertume. Car tu peux t’investir dans toute ton entièreté dans cet objectif et te voir toujours passer à côté. Parce que le bonheur de l’autre n’est absolument pas ta mission. Tu me demanderas alors quelle est donc ta mission auprès de l’autre, et vice versa ?

Elle est simple, ta mission : c’est d’être toi. Et c’est pareil pour l'autre. Toi, c’est être libre de t’exprimer, de t’épanouir, de faire les choses que tu aimes, de trouver en toi ta mission de vie et de t’engager à la réaliser. Une relation de couple n’est pas un cabinet clinicien de thérapie où l’autre vient pour se guérir de ses maux passés. Mais plutôt un terreau fertile pour grandir. On rentre entier dans une relation. C’est pourquoi on doit d’abord se débarrasser de ses démons de père absent, de mère étouffante, d’enfant mal aimé... et de tous les traumatismes qui t’empêchent de t’accepter, de pardonner tes erreurs passées et de t’aimer. Tiens, voici un pré-requis indispensable pour entrer en relation de couple : t’aimer ! Car nul ne peut donner ce qu’il n’a pas. Si tu ne t’aimes pas, il y aura en toi un vide énorme. Tu vas vouloir que l’autre comble ce vide, et ça, mon frère, ma sœur, je te le jure, c’est mission impossible. Même si beaucoup de romans que tu as déjà lus te l’ont fait croire, même si de nombreuses chansons que tu écoutes te permettent d’espérer cela ; même si des dizaines de films ont plaidé cette cause, c’est faux. Tu n’es pas responsable du bonheur de l’autre et il ou elle n’est pas responsable du tien non plus. En nous faisant croire le contraire, on nous a compliqué l'amour.

Je devine déjà ta prochaine question. Ou si tu n’es pas en train de te faire un sang d’encre, me maudissant de sortir de pareilles balivernes. Alors, c’est quoi la fonction de l’un et de l’autre dans une relation, à part d’être soi-même ?

Ta fonction dans le couple, c’est d’aimer l’autre. Tout simplement. Et qu’est-ce qu'aimer l’autre? Aimer l’autre, c’est être bienveillant envers lui ou elle. C’est lui être fidèle. C’est savoir l’écouter. Pas entendre pour répondre et chercher à avoir raison. Mais c’est d’être à l’écoute de l’autre pour le comprendre et de pouvoir se mettre à sa place pour envisager la bonne perspective de ses réactions. Aimer l’autre c’est faire preuve d’une empathie sans limite à son endroit. Aimer l’autre c’est toujours vouloir le bien de l’autre sans piétiner le tien. Aimer l’autre c’est être prêt à faire toutes les concessions possibles. Je dis bien “possibles”, pour l’arranger. La fonction de chacun ou de chacune dans la relation c’est d’être prêt, prête à être la force quand l’autre perd sa force ! Être la voix de la sagesse quand l’autre perd la sienne. Être “the bigger person” (une certaine personne répétait souvent cette formule en ma présence), c’est-à-dire ne pas être celui ou celle qui retournera l’invective, ou qui relancera l’injure après l’avoir reçu en plein visage. Aimer l’autre c’est former avec lui ou elle une équipe soudée qui ne conteste jamais l’autre en public. Mais aimer l’autre c’est aussi s’aimer assez pour ne pas accepter l’infidélité, les miettes, l’irrespect et la manipulation. Aimer l’autre, c’est être prêt (e) à partir au lieu de devenir toxique pour l’autre à force d’exiger l’attention et le respect.

Si tu remplis toutes les fonctions précitées, tu auras accompli ta mission dans la relation. Si l’autre y trouve son bonheur. C’est tant mieux. Mais si malgré tout ça, il ou elle est malheureuse auprès de toi, tu ne peux l’aider qu’en le ou la conseillant de chercher au fond de lui ou d’elle ce qui manque et de le combler et te revenir après. Si toutefois, il ou elle le désire encore. Toi, si tu es complet(e), tu n’auras aucun problème à attendre ou à décider de nouvelles perspectives.

Gaspard Dorélien, MA

Ottawa,

14.05.24

8h39 AM