mardi 27 février 2024

Ce que l’amour n’est pas…

 Il est loin d’être l’histoire de Roméo et Juliette. Il n’est pas ce refuge où nos besoins seront comblés.  Ce n’est le complément des fragments manquants de notre être. Il ne se réduit pas à une salle d'attente de nos espérances. La littérature, le cinéma, la musique… nous ont souvent présenté l'amour comme un abri sous lequel trouver le bonheur. Je vous le dis, en vérité, l’amour n’est absolument rien de tout cela. Souffrez, en lisant les lignes qui suivent, que la bulle illusoire s’éclate.



Nous avons tous grandi avec des blessures que l’on porte dans notre âme, dans notre coeur et que nous reflétons dans nos comportements vis-à-vis des autres. Ces blessures, qu’on arrive difficilement à refermer, créent des êtres incomplets, révoltés, dépendants, haineux, méfiants, manipulateurs, tristes… et inévitablement malheureux et qui souvent rendent les autres encore plus malheureux. L’amour n’est pas un réparateur d’enfance malheureuse. L’amour n’est pas un pansement à nos blessures. L’amour ne recolle pas les morceaux d’un coeur qu’on a donné en pâture à un/une pervers (e) narcissique.  


Nous espérons tous que l'amour viendra combler nos vides, guérir nos blessures de rejet, d'abandon, d'humiliation, d'injustice et de trahison. Pourtant, nous nous trompons. Jamais l’autre ne remplira ces cases vides. Jamais l’autre ne devinera ces attentes - et même si elles sont sues, même avec toute la volonté du monde il/elle ne réussira pas à les satisfaire - et s’atteler à nous combler. L'amour ne repose pas sur l'autre pour trouver paix et harmonie. Ce n’est pas là, la fonction de l’amour. Entrer incomplet dans une relation en espérant en ressortir comblé est une illusion. Il n’en sera jamais autrement.


Cette réalité peut être dure à accepter. Lorsque Shakespeare nous donne Roméo et Juliette, et que notre culture célèbre cette histoire comme l'archétype de l'amour véritable, il est facile de croire que l'autre est notre sauveur ou quand l’autre s’en va, on croit que la vie n’a plus de sens et ne mérite plus d’être vécu. Quand les “plus belles chansons” nous disent que l’autre est le soleil de nos jours, la lune de nos nuits, notre plus beau rêve… notre raison de vivre… et que les “plus belles histoires” qu’on nous vende nous présente des personnages qui s’oublient pour l’autre parce que sans lui/elle nous sommes incomplets (tes), c’est normal que l’on croit aujourd’hui, l’amour, c’est l’autre. Le bonheur, c’est l’autre. L’avenir, c’est l’autre. Et que sans lui/elle la vie est une bière sans alcool. Du gateau sans sucre. Une musique muette. 


Devinez quoi? L'amour ne se trouve pas dans l'autre. Il ne commence pas avec ce regard aguicheur et insistant, un dernier vendredi de janvier. Non plus en contemplant un sourire café au lait sur une photo qu’on a prise un premier dimanche de février à l’église. Ne faites pas attention aux deux dernières phrases. Ce ne sont que des exemples. Fictifs. 


L'amour naît en nous. Il est intrinsèque et s'épanouit de l'intérieur. Pour aimer autrui, il est essentiel de s'aimer soi-même.


Beaucoup d’entre nous qui disons être des disciples du Christ et attendons le secours du bonheur de l’autre, ne comprenons pas un de ses plus importants préceptes: “aime l’autre comme toi-même”. Les premises de cette recommandation soulignent que pour donner de l’amour, il faut l’avoir déjà expérimenté avec soi-même. Jésus par cette parole nous dit indirectement que l’on doit s’aimer d’abord. Qu’il est normal de s’aimer. Que l’apprentissage de l’amour commence avec soi-même. S'aimer n'est pas égoïste, c'est le fondement même de l'amour véritable. On ne peut pas aimer l’autre si on ne s’aime pas soi-même. 


Bon là, Jésus n’a rien pipé sur les milliards de raisons qui peuvent nous empêcher de nous aimer d’abord. Mais dans leurs gênes, l’homme et la femme avaient heureusement cette faculté qu’on appelle intelligence. Cette dernière nous a permis au fil des millénaires, de comprendre, d’analyser et même de prévoir nos schémas de comportement. Saviez-vous qu’un enfant non désiré ou abandonné par son père, en embryon étant, connait déjà le rejet et l’abandon? Saviez-vous que telles blessures, si elles ne sont pas colmatées par un amour inconditionnel de son plus proche entourage feront de lui ou d’elle un être qui va très mal “dealer” avec l’amour? Ce n’est q’un  exemple parmi tant d’autres.


Devenu (e) adulte, celui ou celle qui n’a jamais été conscient (e) de ces déchirures comptera toujours sur les autres pour le guérir ou fera subir aux autres les maux qui érodent son être. Il/elle deviendra un ou une dépendant (e) affectif (ve) ou un/une pervers(e) narcissique. La première pathologie a plus de chance d’être circonscrite si elle est identifiée et que la personne qui en souffre trouve de l’accompagnement auprès de professionnels de la santé mentale. Quant à la seconde, les possibilités de guérison sont infiniment minces. Un/une perverse narcissique c’est comme un vampire qui ne vit que de sang. Celui-ci ou celle-ci vit pour faire souffrir l’autre et est dépourvu de toute empathie. Il/elle manipule, minimise, développe une dépendance chez l’autre par rapport à lui/elle… Mais tout ceci c’est pour combler son insécurité viscérale. 


Sans cette auto-acceptation, nous devenons soit des victimes, soit des bourreaux, incapables d'aimer authentiquement et développant des dépendances. Les attentes inassouvies mènent à la souffrance. La seule voie de sortie est de chercher de l'aide, car seul, le chemin vers la guérison est semé d'embûches. Ce processus de guérison de l'enfant intérieur blessé, d'acceptation de soi, de pardon et d'amour propre est essentiel pour vivre en harmonie avec soi-même et être prêt à aimer véritablement.


Il sera quasiment impossible de s’en sortir tout seul. Avec toute la volonté du monde, vous commencerez le changement. Mais les émotions, les manques, les besoins, les habitudes… disparaitront de temps en temps. Mais ils réapparaîtront plus forts qu’avant. Il y a tout un processus par lequel vous devez passer pour guérir l’enfant blessé qu’il y a au dedans de vous, pour vous accepter dans votre imperfection, vous pardonner et finalement vous aimer, suffire à vous même, vivre avec vous même, être bien avec vous même et finalement être heureux avec vous même. Ce n’est qu’à ce moment que vous serez prêt (e) à donner et à recevoir de l’amour. Vous n’aurez pas d’attentes à combler, vous n’aurez pas d’incomplétudes et votre bien-être ne dépendra pas de l’autre. Et toute relation devient un complément, non une nécessité à votre bonheur.


Quand vous vous aimez, vous n’accepterez plus de comportement toxique, contrôleur, manipulateur de l’autre. Et vous ne resterez pas dans une relation destructrice, espérant vainement combler un vide affectif. Quand vous vous aimez comme il faut, vous ne bâtirez pas de relation où l’autre sera votre souffre-douleur parce que croyez que la souffrance de l’autre apaisera la vôtre.


Si l’autre pour une raison quelconque décide de quitter le navire, vous serez pas perdu parce que vous étiez déjà complet sans lui ou sans elle. Et vous aurez appris des choses de cette expérience qui renforceront votre personne.


Mais diriez-vous que tout ceci est bien beau et facile à dire. Mais comment arriver à cette auto-suffisance, à cet amour de soi, à cette confiance en soi, à cette complétude? Bien que le processus peut être long et ardu, mais la solution est toute simple: elle est dans l'aide professionnelle d'un thérapeute ou d'un coach de vie certifié. Je rivens de loin. Et je  suis aujourd’hui loin, très loin de là où j’étais il y a peu. Et j’ai appris que l’amour n’est pas l’autre. L’amour est d’abord soi. Je ne parle pas ici de ce nombrilisme arrogant et contre productif. Je parle de cette prise de conscience pour comprendre que vous méritez le meilleur et le meilleur pour soi vient de soi-même, une responsabilité qui nous incombe entièrement.


Gaspard DORÉLIEN, MA


OTTAWA

27.02.24

16h16

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