La ministre du Tourisme, Stephanie V. au micro et le couple présidentiel au bal des reines (Photo: Blanc Jeff) |
A l'arrivée du Président de la République sur les lieux,
on les a contraint tout d'abord d'éteindre leurs caméras, ensuite de vider les
lieux. L’équipe de la Radio Télévision Caraïbes (RTVC) a été forcée à déguerpir
du Palais de Sans-Souci, à Milot, dans le Nord du pays, où a lieu ce samedi 9
février le bal des reines.
La raison de cette expulsion: le président de la République, MichelJoseph Martelly ne veut pas être filmé par les cameras de la station, selon ce
qu’a indiqué un employé de la RTVC.
Ce n'est pas une première
Cet incident n’est pas une première pour la station sexagénaire de la
Rue Chavannes, à Port-au-Prince. L’année dernière, le président Martelly avait
catégoriquement refusé une interview à Yvenert Foeshter Joseph durant le carnaval de Jacmel, parce qu’il s’était identifié comme étant un employé de la RTVC, a
rapporté à plusieurs reprises ce dernier, sur les ondes de la 94.5. Trois
personnes, dont le directeur général de la Radio Télé Super Star et membre du
cabinet du chef de l’État, M. Albert Chancy, ont été demandées aux techniciens
de la RTVC d’éteindre leurs caméras avant l’arrivée du premier mandataire
haïtien.
RTVC, média non grata
Des memebres de l'équipe de la RTVC sur le site du Palais Sans-Souci (Photo: Blanc Jeff) |
Selon René Antoine Lerebours, technicien en sonorisation de la RTVC, joint
au téléphone depuis le Nord, « le président Martelly aurait formellement
interdit que la RTVC retransmette ses images ». L’équipe de la station de
la rue Chavannes, sur les lieux du Palais Sans-Souci depuis 14h30, a du plier bagage,
alors que diverses autres caméras de particuliers et d’autres médias
continuaient à filmer l’événement, le traditionnel bal des reines, qui précède
les trois jours gras du carnaval haïtien. La plus importante et la plus
populaire festivité culturelle d’Haïti. Même le véhicule de la RTVC, venu
récupérer le personnel et les équipements a été interdit de pénétrer le
périmètre des ruines du Palais Sans-Souci. La RTVC, déclaré média non grata par
le président.
« Martelly déteste
la RTVC »
Un employé de la RTVC, qui a requis l’anonymat, soutient que le président Martelly porte de sérieux
rancoeurs contre le média le plus populaire de Port-au-Prince. « Son
acharnement contre la station est due au fait que nous avons pris ouvertement
position pour Myrlande Manigat lors des dernières présidentielles ». Ce
dernier, comme plusieurs autres observateurs soutiennent que cet acte relève
d’une « intolérance grave et constitue une menace contre la liberté de la
presse ».
« Menace contre la
liberté de la presse »
Le DG de la RTVC, Marc Anderson Brégard en session d'interview au Palais Sans-Souci le samedi 9 février (Photo: Blanc Jeff) |
« Événement public
ou événement personnel de Martelly ? »
Divers secteurs de la population reprochent au président haïtien, ancien
rebelle notoire des règles et consignes du carnaval haïtien quand il était
Sweet Micky, sa trop grande implication dans l’organisation du carnaval.
« Le président s’approprie du carnaval, réalisé avec les taxes publics,
comme une activité personnelle et se permet même de décider d’exclure des
groupes musicaux du défilé carnavalesque », estime une compatriote de la
diaspora vivant à Miami, aux États-Unis. Cette personne fait sûrement allusion
au célèbre cas du populaire groupe « Brothers Posse » qui a été tout
d’abord confirmé pour faire parti du cortège musical du carnaval, mais supprimé
par la suite de la liste, parce que le président estime que la meringue« A l’oral », l’une des plus demandées cette année, de la formation
de Don Kato « n’est pas assez bien à son goût ».
Tout le monde n'approuve pas ces agissements. Les réprobations contre ces décisions arbitraires du président de la
République foisonnent sur les réseaux sociaux. Certains prennent déjà parti
pour la RTVC et disent attendre la retransmission de cet événement sur la
chaine 22. René Antoine Lerebours assure que l’équipe ne va pas capituler et
restera dans la deuxième ville du pays, le Cap-Haïtien, pour retransmettre en
direct le Carnaval 2013. Allumons nos postes de télé, les doigts croisés.
Gaspard Dorélien
Un extrait vidé du passage de Sweet Micky au défilé carnavalesque de 2001. Oreilles chastes, comprenant le créole, s'abstenir.
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