vendredi 22 novembre 2024

Gladiator II, une merveille de réalisation signée Ridley Scott

J’ai retenu 4 choses du second opus de Gladiator : une réalisation magnifique dans un Rome reconstitué grandeur nature; des combats épiques comme on n’en voit presque plus dans le cinéma d’aujourd’hui; un Denzel Washington plus charismatique que jamais; une fin portée par un élan poétique époustouflant, accompagnée d’une musique qui m’a arraché des larmes acidulées.


Je ne vais pas spoiler les amoureux du 7e art comme moi. Je ne dévoilerai même pas l’intrigue. Mon appréciation se limitera à certains aspects techniques : les costumes, le décor et les caractéristiques de certains personnages.


La touche magique de Ridley Scott


Je vous le dis tout de suite : Gladiator II est une énorme production, au coût faramineux de 200 millions de dollars américains. Budgétivore, certes, mais une “énormité” orchestrée par un maître du cinéma : le réalisateur britannique Ridley Scott, qui avait déjà marqué les esprits avec le premier Gladiator, mettant en vedette Russell Crowe.


Ridley Scott est une légende du cinéma, connu pour son sens aigu du détail, capable d’immerger complètement le spectateur. Ses œuvres, quel que soit leur genre, se distinguent par leur esthétique visuelle, leur poésie et leurs innovations dans le design. Dès la première scène de Gladiator II jusqu’à la dernière, la maîtrise de l’éclairage, du cadrage et la direction exigeante des acteurs permettent à Scott de livrer un film qui mérite d’être vu sur grand écran.


Nommé à plusieurs reprises aux Oscars comme meilleur réalisateur sans jamais remporter la statuette, ce natif de South Shields, en Angleterre, repousse ici les limites du cinéma. Je serais surpris que Gladiator II ne lui apporte pas enfin cette consécration. Et je prédis également des récompenses pour la direction d’acteurs.


Jeu d’acteurs impressionnant


Il n’y a pas eu de performances approximatives dans ce film. Des rôles principaux aux seconds rôles, jusqu’aux figurants, tous ont excellé, rendant chaque scène vraisemblable. Grâce à la qualité exceptionnelle de la réalisation et de la photographie (éclairage), l’interprétation des acteurs contribue à une immersion totale, à tel point qu’on oublie pendant de longs moments qu’on regarde un film. On est pris, corps et âme.


Mais parmi tous ces talents, un se distingue particulièrement.


Denzel Washington : Tout simplement Denzel


Souvent choisi pour incarner des figures de leader et d’autorité, Denzel Washington n’a jamais été aussi charismatique que dans Gladiator II. Il apparaît pour la première fois à la 27e minute, et dès son entrée en scène, tout bascule.


Son interprétation est marquée par une expressivité contrôlée, alternant subtilité et puissance. Il incarne un contre-héros complexe, un vilain impossible à détester. Denzel joue ce rôle avec un sourire désarmant et une voix à la fois subtile et imposante. Dans Gladiator II, il incarne un personnage puissant, qui est même parvenu au sommet du pouvoir impérial à Rome, et laisse une empreinte mémorable.


Rome en grandeur nature


Les 200 millions investis dans Gladiator II trouvent leur justification dans la reconstitution immersive de Rome. Le Colisée, reconstruit à échelle réelle, est spectaculaire. Les plans aériens de la ville, crédibles pour l’époque, subjuguent le spectateur. Chaque détail, des ruelles aux palais, est soigneusement pensé pour ancrer cette cité légendaire dans le film.


Décor immersif pour Gladiator II


Le décor contribue largement à l’immersion. Bien que l’équipe ne soit pas à son premier voyage dans cette Rome antique, on sent ici une volonté d’aller encore plus loin. Qu’il s’agisse du palais impérial, des demeures des dignitaires romains ou des sombres couloirs des geôles des gladiateurs, tout semble authentique. Il faut aussi souligner que les costumes se sont fondus dans ce décor.


10/10 pour les costumes


Les costumes sont d’une justesse remarquable. Contrairement à certaines séries comme Game of Thrones, où des tenues peuvent paraître anachroniques, Gladiator II reste crédible. Le faste des seigneurs de Rome est bien mis en valeur, tout comme la rudesse des tenues des soldats.


Denzel Washington, en particulier, bénéficie de costumes qui reflètent parfaitement son rôle. Les couleurs, la richesse des tissus et leur texture contribuent à camper ce vilain charismatique qu’on adore suivre.



Gladiator II est une œuvre magistrale. Ridley Scott s’est surpassé, Denzel Washington incarne avec brio un personnage puissant, et l’ancien Rome renaît de façon spectaculaire. Avec des costumes sublimes et des performances impeccables, tout est réuni pour faire de ce film une expérience extraordinaire à vivre sur grand écran, idéalement en salle IMAX.


J’y étais. J’en suis ressorti ébloui. Et même “Now We Are Free” de Hans Zimmer m’a arraché des larmes à la fin.


Gladiator II ? Je vous le recommande, en toute âme satisfaite !


Gaspard Dorélien

Ottawa, 22.11.24 - 23h43


dimanche 17 novembre 2024

Sublime rendez-vous de Beethova Obas à Gatineau

 Sans fioriture, sous le rythme d’instruments adroitement travaillés, Beethova Obas a marqué un rendez-vous de l’Histoire d’Haïti à Gatineau. À travers un concert au Musée canadien de l’Histoire, le légendaire artiste haïtien fort de 35 ans de carrière a ravi un public de tous âges le dimanche 17 novembre. Petit compte rendu! Exhaustif à souhait!



“On ne se lassera jamais de se remémorer ce haut fait d’armes de notre histoire. La grande victoire de l’armée indigène contre les forces colonialistes françaises à Vertières, le 18 novembre 1803, est une branche à laquelle nous restons accrochés, même loin d’Haïti”,
murmure à mon oreille une spectatrice d’une soixantaine d’années lors du concert "Rendez-vous avec l’histoire" de Beethova Obas. Ce spectacle, organisé dans le théâtre du Musée, s’est révélé être un franc succès. Fidèle à son style et à ses trois décennies de carrière, Beethova a livré pendant trois heures ses plus belles compositions. À en croire les réactions du public, la prestation a largement répondu aux attentes. 


19h02.
Des bruits d’orage marquent les premières secondes du spectacle, suivis d’une introduction contextualisant l’événement. Malgré la situation chaotique d’Haïti en 2024, les organisateurs ont tenu à commémorer cette date historique : le 18 novembre 1803, la bataille de Vertières, prélude à l’indépendance haïtienne proclamée le 1er janvier 1804. Un extrait du discours d’Edgar Leblanc Fils, prononcé à l’ONU le 26 septembre, a été diffusé. L’ancien président du Conseil présidentiel y rappelait l’épopée de 1804 et la dette imposée par la France, freinant le développement de la jeune nation.

19h07. Beethova, guitare à la main, fait son entrée par le côté gauche de la scène. Le premier morceau est une invitation au rassemblement, un geste plus que nécessaire dans le contexte actuel d’Haïti.

19h13. Après un chaleureux “Je suis très heureux d’être avec vous ce soir,” un spectateur réplique spontanément “nou menm tou” (nous aussi).


De là jusqu’à 21h40, un lien sincère et complice s’est tissé entre l’artiste engagé et une salle comble aux trois quarts. Son œuvre, témoignage de son dévouement à son pays, a ému et enchanté le public.

Des classiques tels que “Nou pa,” “Si,” “Tchele tchele” et “Vant kòde” se sont enchaînés, suscitant parfois des larmes chez les spectateurs. À 20h01, une pause a permis à Beethova de souligner avec humour : “À mon âge, mes fans aussi ont besoin de pauses pour se soulager.”

Pendant l’interlude, l’Ambassadeur d’Haïti au Canada, Weibert Arthus, a remercié l’artiste pour son engagement et sa musique. Une plaque honorifique lui a été remise par la mission diplomatique.

Dans le public, on comptait aussi la présence de la Consule générale d’Haïti à Montréal, Mme Guerline Frédéric Desrosiers.


À 20h34, Beethova revient sur scène sans sa chemise blanche et sa veste bleu marine. Et sans les musiciens et choristes. C’est un maillot noir avec l’inscription “Nou se bon bagay” qu’il présente la deuxième partie du spectacle. 

Il chantera “Bravo manman”, seul sur scène, avec sa guitare, “Bravo manman”. Un pur moment de tendresse. 


“Kè m poze”, le 11e morceau est un mélange de “sauce cubaine, de rythmes haïtiens et d’harmonies brésiliennes”, explique l’artiste.



Suivront “Eleman”, “Bon baya”, “Ti papa” puis finalement “Couleur café” et “Lina”. Dans la dernière partie, face à un public conquis, Beethova a fait de sa la salle son choeur. Celle-ci, enjouée et euphorique, s’est prêtée au rôle.


Ce n’était pas un concert pour danser. Non plus pour se faire caresser le tympan par des accords de voix angéliques. Bien qu’au dernier morceau “Lina”, l’assemblée, comme une seule personne s’est mise debout pour danser et faire entendre sa voix. Ce spectacle a été surtout un moment où la magie des paroles remplies de sens s’est combiné aux instruments pour accoucher une expérience unique. Un temps avec Beethova c’est réfléchir sur nos manquements, nos doutes, nos dérives mais aussi sur notre résilience, nos exploits passés, notre haïtianité, notre identité de peuple inventeur de la liberté.


Gaspard DORÉLIEN

Ottawa,

17.11.24

23h23

samedi 16 novembre 2024

Hello hello Fatima !

 


Je dois un texte à toute chanson mélancolique qui pousse mon téléphone à la jouer en boucle. Hello! de Fatima m’a happé le cœur. C’est un cri profond d’une âme blessée qui réclame un amour vrai. C’est une pépite qui mérite une longue écoute répétée.


Avec cette voix douce et authentique que l’on connaît à Fatima, elle nous livre Hello! : un texte d’une qualité qui dépasse la moyenne.


Cette chanson, tirée de son deuxième album (Proteje m), touche profondément les mélomanes. Elle évoque une réalité que beaucoup ont connue ou connaissent encore : le traumatisme de l’amour faux. Ceux et celles qui n’ont pas connu la loyauté, à qui on a été infidèle, à qui on a menti pendant longtemps, se reconnaissent dans cette chanson. En témoignent les milliers de vidéos qui circulent sur Instagram, Facebook et TikTok, où cette musique sert de toile de fond.


Au-delà du ton mélancolique qui m’a conquis et de certaines paroles qui me touchent particulièrement, le chœur qui accompagne la voix envoûtante de Fatima est une vraie réussite. On dirait que la voix de l’une des plus belles figures de la musique haïtienne a été dupliquée pour enrichir le chœur. C’est un très beau morceau qui plaira aux amoureux des sons mélancoliques.


C’est l’expression d’un cœur blessé, en quête du véritable amour. Mais c’est aussi une affirmation, une reprise en main de soi-même et de sa vie amoureuse. Les hypersensibles verseront des larmes en l’écoutant, et ils la joueront encore et encore.


Parmi les paroles du texte, une m’a particulièrement marqué : « avoir un cœur à vendre ». Avec mon expérience, je dirais que c’est une vision toxique de l’amour. Dans cette transaction, ni le vendeur ni l’acheteur ne seront comblés. Celui ou celle qui vend aura trop d’attentes, responsables de blessures difficiles à cicatriser. Et celui ou celle qui achète, croyant avoir payé, ne se sentira pas obligé(e) de donner en retour. Un cœur, ça se donne. Hello! Fatima ! On ne vend pas son cœur, à aucune condition !


Gaspard DORÉLIEN

Ottawa

16.11.24

17h17