C'est vrai qu'une simple et belle chanson suffit pour m'arracher des larmes. Mais aujourd’hui, mes pleurs étaient amers. Saccadés. Pétrifiants. Déprimants. J’ai pleuré la rage d’un désespoir sans mesure. J’ai pleuré ma désillusion perdue. J’ai pleuré mon impuissance face à tant de bêtises, de crétinisme et la foie mauvaise de mes pairs. Je suis cassé.
J’ai arrêté depuis quelque temps d’être très optimiste quant à l’avenir du pays. Toutefois, dans mon for intérieur une petite voix me parlait. Elle me disait de croire en des jours meilleurs pour Haïti. Logique. Car je me disais qu’on ne pouvait pas descendre plus bas que ce que j’ai vu durant ces douze dernières années. Mais aujourd’hui après le honteux spectacle offert par vous étudiants de la Faculté des sciences humaines (Fasch), mon ancienne faculté, j’ai été outré. Et la petite voix intérieure s’est tue.
Les acquis du savoir
La sagesse et la tolérance sont des acquis du savoir. Acceptez l’autre malgré sa différence. Tolérez l’autre malgré sa position idéologique contraire à la vôtre. Ne pas considérez la violence comme une option pour se faire comprendre… Tout ceci devrait être l’apanage de ceux qui jouissent de l’extrême privilège de fréquenter l’université en Haïti. Témoins des dérives et des actes manqués des générations précédentes, celles de ce temps présent devraient tout savoir sur ce qui ne marcherait pas pour faire germer les graines de l’autre Haïti.
Honte à vous
On ne bâtit pas un meilleur pays en assénant des coups de chaise à un candidat à la présidence, un professeur d’université de surcroit. A tous les étudiants de la Fasch qui ont provoqué et participé à cette violence sauvage et gratuite du mardi 29 septembre 2015, à l’Institut d'études et de recherches africaines d'Haïti (Iérah), vous vous êtes faits l’objet d’une honte indicible et inqualifiable. Rien ne peut justifier une pareille action. Un tel comportement. Rien ne peut expliquer que vous ayez agresser un des vôtres, le professeur Sauveur Pierre Étienne, qui enseignait à la Fasch.
Faire autrement
Vous n’avez pas voulu recevoir un débat avec des prétendants à la présidence au sein de votre faculté? C’est votre droit. Vous avez sûrement des raisons - valables - pour vous y opposer.
Vous êtes pour l’annulation pure et simple des élections du 9 août dernier, parce qu’elles ont été une orchestration de magouilles et de violences du parti au pouvoir et des ses partis alliés, cautionnée par un Conseil électoral provisoire (Cep) décrédibilisé? C’est votre droit.
Et vous avez surement mille raisons de ne pas vouloir vous associer à celles prévues pour le 25 octobre qui s’annoncent tout aussi périlleuses. Beaucoup pense comme vous.
Vous êtes contre ce débat autour des présidentielles avec les différents candidats parce qu’il semble que cette initiative ait été monnayée à la base à des fins manipulatrices? C’est votre droit.
Vous avez voulu empêcher la réalisation de cette activité qui se réalisait en dehors de votre faculté? C’est votre droit. Mais pas de cette manière. Parce que justement, vous aviez à votre disposition mille et une autre façons de vous y opposer:
Ralliez d’autres entités de l’Université d’État d’Haïti à cette opposition;
Faites une pétition;
Le dénoncez dans la presse et sur les réseaux sociaux;
Organisez un sit-in devant les locaux de l’Iérah;
Participez au débat pour dénoncer le caractère qui vous déplaît;
Participez au débat avec moult arguments pour camper la nécessité de renvoyer ce CEP et de reprendre les législatives du 9 août;
Participez au débat, données en main, pour désapprouver ceux-là et celles-là qui n’ont aucune raison valable de se porter candidat à la présidence et qui n’ont pas une chance sur un million de réussir;
…
Vous avez, comme les malchanceux illettrés que des politiciens véreux utilisent pour leurs sales boulots, opté pour la force pour dire non. Et ce choix n’est pas sans conséquence sur la perception que les autres doivent avoir de vous. Vous venez de confirmer bien des choses…
Ce que vous confirmez
Comme apprentis des sciences humaines, les possibilités de casser cette quinzaine présidentielle à l’Iérah sans passer par cette honteuse et déshonorante option, sont diverses et infinies. Car par cet acte délictueux, vous avez:
confirmé avoir passé très peu de temps à la bibliothèque;
confirmé que vous n’avez pas conscience de la dimension et de la toute puissance des armes de la dialectique;
confirmé que vous n’êtes pas des adeptes de la démocratie;
confirmé que vous êtes les nouveaux “chimè” de la république;
confirmé que vous n’êtes pas digne de critiquer Michel Martelly quand il porte le double chapeau de président de la République et de Sweet Micky;
confirmé la régression du pays à tous les niveaux;
confirmé votre piètre statut de déviants sans avenir;
confirmé que vous ne pouvez pas soutenir un débat contradictoire sans en venir aux poings, aux coups de chaises;
confirmé que l’argent des contribuables haïtiens investi dans votre éducation est un véritable gaspillage et qu’avec vous comme relève, le futur d’Haïti sera encore plus sombre qu’aujourd’hui;
confirmé que Michel Martelly comme président du pays qui a vu naitre Antenor Firmin, Jean-Price-Mars… n’est pas le fruit d’un hasard mais le résultat de l’inconséquence des énergumènes de votre espèce.
Vous êtes vous demandés combien pouvait être lourde de fâcheuses conséquences cette incursion rageuse à l’Iérah? Savez-vous combien de jeunes bacheliers haïtiens ne vont plus opter pour les sciences humaines à cause de votre sauvagerie?
Vous êtes indignes du statut d’étudiants en sciences humaines. Vous êtes des honteux citoyens haïtiens et des crapules. Vous êtes irrespectueux des principes les plus élémentaires de la communauté universitaire. Vous n’avez pas mérité les sacrifices de vos parents paysans, ouvriers, petits marchands ambulants, professeurs d’école… qui vous ont conduit jusqu’aux portes des études supérieures. Comme eux, je crache sur vous. Toufff!!!
Gaspard Dorélien
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