samedi 24 août 2024

Bélo, Ottawa, Intimité…

 Dix-neuf ans de carrière et une première prestation à Ottawa. Dans une atmosphère intime, l’artiste de Lakou Trankil a réinventé la scène du Richcraft Theatre, situé dans la chic banlieue d’Orléans à Ottawa. Ce samedi 24 août, Bélo a joué à guichet fermé, captivant un public conquis. Immersion dans un concert où la qualité musicale s’est harmonieusement mêlée à la finesse d’un auditoire averti.

Si le temps peut marquer certaines voix de ses rides, il a, chez Bélo, sublimé la sienne. Tout comme son physique, resté inchangé, le talent du Champion Découvertes RFI Musique du monde 2006 n’a fait que se bonifier. L’artiste engagé a offert à son public un moment de proximité, révélant ses origines, ses défis, ses interdits, et son amour irréversible pour la musique de qualité, ainsi que son attachement profond à son pays natal. Son engagement à chanter ce qui résonne pour Haïti a été au cœur de cette rencontre.

À 19h54, Bélo est monté sur scène sous les applaudissements enthousiastes du public. Le concert a débuté avec "Mizik a Jah", extrait de son premier album paru en 2005 sous le label Solèy Sounds, qui avait déjà marqué l’avènement de l’icône du Ragganga.

Avant le deuxième morceau, Bélo, avec une modestie empreinte de fierté, a partagé ses origines : celles d’un petit garçon rêveur, grandi dans un quartier défavorisé de la capitale haïtienne. En Haïti, la voie artistique est souvent décriée, perçue comme un chemin menant à la débauche, la drogue, et la pauvreté assurée par les parents. Sa mère, analphabète et "Dâme Sarah",voulait pour son fils un avenir stable, loin de la musique. Mais malgré ces interdictions, Bélo a suivi sa passion. S’il a étudié la comptabilité, c’est finalement la guitare qui est devenue sa compagne, sa voix singulière, reconnaissable entre mille, l’a porté sur la scène 

La deuxième musique exécutée est un hommage à ce que Bélo appelle une magnifique ville de son pays, Jacmel.

Entre la troisième et la quatrième chanson, Bélo a raconté l’histoire de "Jasmine", l’unique titre de son premier album qu’il n’a pas écrit. C’est avec celui-ci que le public l’a découvert en 2005. Il a été sur toutes les lèvres à cette époque. Entrainant à souhait, ce texte écrit par Moneyrich, a été enregistré, gracieusement, pour la première fois en 1996, dans le studio du géant de la musique haïtienne, Dadou Pasquet.

Jasmine n’a pu être distribué dans les différentes stations de radio de la capitale pour une seule raison: une cassette de marque TDK Type II. Celle-ci coûtait à l’époque 25 gourdes. L’équivalent de de 25 sous canadiens au taux d’aujourd’hui. Toute l’équipe de Bélo réunie, le manager compris, n’avait pas les moyens pour acheter plusieurs TDK Type II que les radios exigeaient pour recevoir une musique destinée à être diffusé en onde. C’était pour une bonne cause, car l’énorme succès de Jasmine en 2005 à imposer Bélo dans le registre des fabricants de la musique de qualité en Haïti et ailleurs. 

Le public qui pouvait intervenir dans les intermèdes a pressé Bélo de revenir. Surtout à l’hiver pour rameuter, à travers sa musique, la chaleur d’Haïti dans le froid glacial du Canada. 

Pendant deux heures, le public du Richcraft Theatre a voyagé dans l’Haïti du début du millénaire, avec Bélo interprétant seize titres de son répertoire. La soirée a été marquée par des moments d’émotion intense (une âme sensible a versé discrètement de chaudes larmes sur Lakou Trankil). 

À 21h23, les dernières notes du légendaire Lakou Trankil retentit dans la salle, où toutes les chaises, le temps de son exécution, étaient orphelines. Petits, très petits et grands se sont donnés à coeur joie dans ce morceau aux paroles qui réclament la paix, le changement et le respect dans ce qui est considéré comme la plus petite agglomération dans l’espace rural d’Haïti: lakou. Si tous ont dansé, chanté, une certaine personne, obnubilée par une chronique nostalgie d’Haïti, n'arrêtait pas de s’éponger les joues, d’où ruisselaient des larmes brulantes. 

21h40, Jasmine, revisité à l’occasion, a enflammé le théâtre. Ce morceau est resté dans le coeur, la tête et l’âme des plus anciens et a aussi été bien accueilli sur le territoire des plus jeunes. 

Cette prestation de Bélo, loin d’être ordinaire, a été marquée par des éléments extraordinaires. Le guitariste, le batteur, le claviériste et le bassiste, qui n’en étaient qu’à leur deuxième collaboration avec Bélo – après un concert à Montréal la veille –, ont joué avec une telle aisance qu’on aurait pu croire qu’ils accompagnaient l’artiste depuis toujours. Ottawa, habité par un public réputé casanier, a pourtant offert à Belo un événement affiché complet dès le vendredi précédent. Parmi les spectateurs, des enfants de 7 ans côtoyaient des sexagénaires, et tous, d’une seule voix, chantaient les succès de Bélo.

Bélo en toute intimité à Ottawa, un moment de qualité, une communion sincère avec un artiste dont le talent continue de séduire une audience sélective. Le prochain arrêt de l’artiste sera dans le Connecticut, aux États-Unis, le 3 octobre.

Ottawa
24.08.24
23h58



vendredi 16 août 2024

…Une envie d’ambiance d’aéroport


Elle est aussi folle qu’immense. Je serais tellement bien si, ce vendredi 16 août, je faisais glisser à côté de moi un “carry-on” dans les allées d’un aéroport. Pas comme presque toutes les autres fois où je ressemblais plus à un “homme-Sara” qu’à ce voyageur léger que je visualise en ce moment. J’ai envie d’écouter les annonces de départ des vols. De faire du lèche-vitrine dans les boutiques où je n’achèterai rien. Sauf peut-être un ou dix livres (je l’ai déjà fait. Plus d’une fois.). J’ai envie de croiser des Asiatiques (ils sont toujours en grand nombre dans les aéroports où je passe). J’ai envie de voir des gens pressés qui sont sur le point de rater leur embarquement. J’ai envie de voir des avions qui atterrissent et qui décollent…

Mais tout ça n’est pas possible. Je suis en congé sans l’être véritablement (allez demander pourquoi à #MisyeDorélien). En plus, les moyens sont loin d’être suffisants pour m’offrir ce luxe. #MisyeDorélien a tout troqué contre de “plus importants investissements”, argue-t-il.


Mais je suis rempli de joie à l’idée qu’en ce moment même, ma princesse #Annie est dans cette ambiance. Elle voyage pour aller à l’université. Oui ! Ma fille est assez grande pour entrer à l’université. Je ne sais pas si elle vit l’ambiance de l’aéroport comme moi je l’aurais vécue, mais elle en aura pour son itinéraire bon marché (austérité oblige!). Deux jours pour décoller et atterrir dans quatre aéroports.

Tout comme moi (ou nous), elle a opté pour la COMMUNICATION. Mais il faudra beaucoup pour que tout aboutisse. Chez Oncle Sam, faire des études supérieures en étant immigrante de parents pas encore riches, c’est un véritable parcours du combattant. Dieu est grand ! Ma détermination de travailler l’est aussi. Fort heureusement ! Et pour cela, je saisis de mieux en mieux l’austérité imposée par #MisyeDorélien et son acharnement à me faire bosser, parfois, plus de 12 heures par jour.

J’ai la foi. Un jour viendra où aucune envie saine n’aura de restrictions. En attendant, #TiGas, dépose le téléphone et retourne travailler.

Gaspard Dorélien

#Ottawa
16.08.24
16:53