lundi 31 août 2020

Ce que le tweet de Lubérice veut dire


Le tweet de Monsieur Ronald Lubérice ainsi que la réaction de la Journaliste Nancy Rock

Si le tweet de l’auteur du “très médiocre pamphlet,” “Ce dont Réginald Boulos est le nom,” se rapporte à l’assassinat, dans la soirée du vendredi 28 août 2020, du Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, le Dr Monferrier Dorval, deux interprétations peuvent s’imposer. Soit, celui qui a menti avoir été professeur d’Université en France (alors qu’il n’a pas encore les compétences pour cela) a un sérieux problème de vocabulaire français, soit son tweet était pour rire de ce crime odieux.


Le samedi 29 août, à 5h27 du matin,  à quelques heures du meurtre du premier des avocats de Port-au-Prince, le secrétaire général du conseil des ministres et conseiller politique du président de la République, Monsieur Renald Lubérice, a tweeté “Oups! Quel gâchis!!” Suivi de trois émoticônes qui versent des larmes (😭😭😭). Ce court message de trois mots n’a pas manqué de choquer la “twittosphère haïtienne,” parce que tout le monde a associé ce tweet au regrettable et douloureux assassinat par balles, devant sa maison, de l’éminent avocat et professeur d’université, Monferrier Dorval qui habite le même quartier que le président Jovenel Moïse, à Pélerin 5, non loin du centre de la commune de Pétion-Ville. 


La journaliste Nancy Roc a été l’une des premières personnes et l’une des plus virulentes aussi parmi tous ceux-là et toutes celles-là qui ont répondu au tweet de celui qui s’est venté en 2019 avoir contribué fortement à faire élire le plus impopulaire et le plus décrié président d’Haïti d’après 1986, Jovenel Moïse. L’ancienne conceptrice et présentatrice du magazine, Métropolis, sur radio Métropole a ainsi répondu, à 9h24, au plus écouté des conseillers politiques présidentiels: “Monsieur Luberice, on parle ainsi d'un café qui se renverse sur une nappe mais pas de l'assassinat d'un être humain et encore moins d'un bâtonnier de l’ordre des avocats! Vous êtes juste répugnant.”


D’autres réponses au message de M. Lubérice ont porté des tons carrément accusateurs. Soulignons que sur les réseaux sociaux et sur la messagerie instantanée Whatsapp, les opinions accusent directement le pouvoir comme commanditaire du meurtre. Par la légèreté de ses deux mots, M. Lubérice a prêté le flanc à cette accusation porté sur le pouvoir en place. 


En vrai, analysons les mots du doctorant en relations internationales. Tout d’abord, peut-on dire que le tweet de M. Lubérice se rapportait au crime commis sur la personne du professeur Monferrier Dorval?



Lubérice tweettait-il sur la mort de Me. Monferrier Dorval?


Trois raisons portent à croire que le tweet du conseiller du président de la République portait sur l’assassinat de Me. Monferrier Dorval. 

Première raison: le meurtre du Bâtonnier de Port-au-Prince était, depuis le vendredi 28 août dans la soirée, l’actualité du moment. Tant par le choc et l’émoi que ce dernier avait provoqué dans le monde juridique, universitaire et politique. Tous les médias en ligne en parlait et le fil d’actualité de Facebook et de Tweeter des Haïtiens ne rapportait que cela. Le tweet de Monsieur Lubérice publié très tôt dans la matinée devrait s’y rapporté. 


Deuxième raison: même si on reproche au secrétaire général du conseil des ministres d’avoir choisi des mots inappropriés pour témoigner un “semblant de regret” suite à ce crime, il avait ajouté trois emojis qui pleuraient. Entre vendredi soir et jusqu’à ce lundi, sur les réseaux sociaux en Haïti, tout le monde, ou presque tout le monde pleure cette perte.


Troisième raison: M. Lubérice est réputé comme un utilisateur de Tweeter qui ne craint pas de scalper ses détracteurs, opposants politiques… quand on s’attaque à lui. On se rappelle de la saga de tweets qui a déferlé quand le conflit ouvert avec l’important homme d’affaire haïtien et potentiel candidat à la présidence, Réginald Boulos, a défrayé la chronique dans la twittosphère haïtienne en 2018. Si donc, son tweet ne se rapportait pas à la mort de Me Monferrier Dorval, M. Lubérice qui, d’habitude n’a pas peur de répondre aux tweets qui le pointe du doigt, aurait classé ceux et celles-là qui l’accablent déjà de complicité de meurtre et de toutes les injures du monde. Jusqu’à ce lundi 31 août, 5h27 du matin, même son tweet n’a pas été effacé ou aucun autre n’est venu rectifié sa bévue. Celui-ci reste son dernier post sur Tweeter. Même l’ex-épouse du président dictateur décédé en 2014, Jean-Claude Duvalier, Marie Michèle Bénett, l’a conseillé dans une réponse sur tweeter de revenir sur ses propos inappropriés. Celui dont on dit être un intello complexé, n’a rien fait. Il est donc évident, malgré toutes les incriminations et les accusations générées par son message, que le tweet se rapportait à l’actualité de l’heure: l’assassinat du professeur et bâtonnier. 

On peut se demander pourquoi les mots du tweet de M. Lubérice ne se prêtaient absolument pas au contexte?


Les sens de l’interjection “oups”


“Oups”, dans la langue française est une interjection. Elle peut avoir trois sens, selon un dictionnaire français consulté.

Sens 1: Marque la surprise chez une personne rencontrant une déconvenue.

Sens 2: Prononcée quand une personne prend conscience d'un oublid'une erreur.

Sens 3: Apparaît à l'écrit de façon ironique.


On ne considéra que le troisième sens, puisque M. Lubérice avait employé l’interjection par écrit. Par ce dernier moyen, cette interjection est utilisé quand on veut faire de l’ironie. Est-ce qu’un conseiller politique du président de la République qui porte déjà sur ses épaules les soupçons (selon l’avis de nombre d’internautes) d’avoir commandité l’exécution, la veille, d’un homme d’affaire (Michel Sahieh) avec qui il y aurait un conflit terrien, peut faire de l’ironie sur l’assassinat spectaculaire d’un avocat et professeur connu, qui se trouve être le bâtonnier de Port-au-Prince? Pire, assassinat perpétré dans le quartier qui est supposé être le plus stérile et le plus sécurisé de toute la capitale du pays, parce que, même si décrié, le premier citoyen de la nation y habite.

Sauf si Monsieur Lubérice, qui selon plus d’un souffre d’un grand complexe intellectuel, en voulant écrire de façon peu ordinaire, s’est fourvoyé et a mélangé les pinceaux en employant une interjection ironique pour regretter la mort d’un grand homme que le pays prendra encore beaucoup de temps à remplacer. 

Et le groupe de mots qui a suivi “oups”, est-il aussi inapproprié?


Les sens du nom “gâchis”


“Gâchis” est un nom masculin qui peu avoir deux sens, selon un dictionnaire français consulté.

Sens 1: choses abîmées.

Sens 2: Désordre - méli-mélo. 

D’aucun conviendrait que l’assassinat (par 4 ou 8 balles selon diverses sources) d’une personnalité aussi importante dans la société, devant chez lui, dans les parages de la résidence du président de la république ne peut-être qualifié de désordre. Un désordre serait des sachets d’ordures jetées devant les portails de la maison du président, mais pas le meurtre d’un voisin important.  

Encore le choix porté sur le mot “gâchis” par M. Lubérice pour parler de la perte de ce spécialiste en droit et professeur émérite qui enseigne depuis 27 ans à l’Université en Haïti, est abusif et donc ironique.


Qui fait de l’ironie sur l’assassinat de quelqu’un?


Jusqu’à 5h27, ce lundi 31 août, le tweet de Monsieur Libéruce a engendré 71 commentaires. Tous ont craché sur l’un des plus proches conseillers politiques du président de la République. Ils ont traité le doctorant de meurtrier, de complice de meurtre, l’’ont désigné comme personne à être interrogé sur cet assassinat ou d’autre moins virulents, lui ont fait des leçons de vocabulaires français, alors que d’autres utilisateurs de Tweeter proféraient des injures offensantes et rabaissantes contre l’homme fort du président discrédité.


Le tweet de Monsieur Lubérice n’aide absolument pas le pouvoir et encore moins le président qui, sur les réseaux sociaux en Haïti, est directement pointé du doigt comme commanditaire de cette fusillade. On parle de crime politique ou de crime d’état.

Pourquoi ferait-on de l’ironie sur un meurtre pareil? Plusieurs personnes, souhaitant gardé l’anonymat, ont avancé les explications suivantes:

  • “Parce qu’il avait souhaité ou voulu cette mort.”
  • “Parce que la personne qui ironise cet assassinat était au courant de tout, et le fait de ne pas avoir dénoncé ce complot avant son exécution fait de Monsieur un complice.”

Ou tout simplement, pensé-je, Monsieur le professeur d’université, doctorant et conseiller du chef de l’État accuse un sérieux déficit de vocabulaire français. Mais, à en juger de la capacité de rédaction de Monsieur Renald Lubérice (les fonds sont peut-être nuls, le pamphlet sur Réginald Boulos en est l’illustration exacte), mais pas une seule faute n’a été décelée dans les 103 pages du pamphlet et la qualité de l’écriture ne laissait nullement à désirer. Fort de ce constat, ne peut-on pas se demander si le tweet de Monsieur Lubérice n’a pas été un fait conscient et minutieusement calculé?


Gaspard Dorélien, Master of Art.

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