Malcolm & Marie. Un film aussi singulier que le titre. Il n’y a eu que deux acteurs, un seul lieu de tournage et le tout servi en noir et blanc. Un film à l’ancienne tourné au goût du jour. Un scénario rempli de sens. Un combat de rabaissement psychologique dans un couple noir. Tout le film tourne autour d’un film que l’acteur, Malcolm, a réalisé. Un réalisateur qui, à ses débuts, se voyait déjà hissé dans les rangs de Spike Lee.
Il est un Prétentieux, un fabulateur, mais un dur bosseur. La première du film que le couple venait d’assister est très prometteuse. L’oeuvre est très appréciée, même des journalistes n’avaient pas caché leurs satisfactions. À cette grande sortie, Malcolm a été parfait dans son rôle de réalisateur adulé. Mais. Il y a eu ce mais qui changera toute sa soirée. Dans ses propos, d’après la projection, il a remercié tout le monde. Sauf la personne à qui, il devrait, logiquement des remerciements: Marie. Sa compagne. Bienvenue sur le ring des hostilités d’une femme blessée!
Une lutte psychologique
C’est une redondance de dire que Malcolm & Marie est un bon film. L’histoire est forte d’un réalisme qui décoiffe. Le téléspectateur/la téléspectatrice est invité à être témoin des déballages cruels de deux personnes qui n’ont pas eu des pensées froides, d’un côté, comme de l’autre, pour démanteler tout le construit de leurs vécus. Un véritable combat pour débander l’autre et l’anéantir. La rancoeur de Marie comme celle de Malcolm est sans merci. La faute de ce dernier paraît impardonnable et ses excuses bidonnes. Du moins, au départ. La femme longiligne avec des mamelons incroyablement rebelles, ne sait pas mâcher ses mots. Elle les balance, crus, incisifs et déstabilisants dans les oreilles du fier homme. Malcolm est aussi excellent dans ce jeu. Il l’écrabouille comme un petit cafard qui ne sait courir et dégonfle les prétentions de Marie qui croyait que tout le mérite du film lui revenait parce que c’est son histoire qui est contée et qu’elle est l’inspiration de son compagnon-réalisateur. Celui-ci la canonne de révélations les plus démoralisatrices. Enfin, il lui fait comprendre que beaucoup de passages dans le film qu’elle s’était appropriés étaient inspirés de ses histoires passées avec d’autres femmes. Il lui fait aussi comprendre, dans une déclaration des plus fortes, que seul l’amour l’a poussé vers elle et le garde encore auprès d’elle. Elle pleura.
Au cours de la même soirée, ils redeviennent amis et entamèrent la scène d’amour à laquelle devrait s’attendre le spectateur. Grosse comme une “asperge,” avec un corps appétissant, Marie s’était montrée dans une chemisette blanche contre quoi se battaient ses mamelons indociles et un dessous de la même couleur qui forçait aux devinettes coquines.
Une critique du film est sortie sur le net. Elle ne plaît pas à Malcolm qui s’attendait à une lecture, hautement élogieuse de son oeuvre. La journaliste, une blanche est tout de suite étiquetée de raciste. Une longue monologue, hautement philosophique, donc intellectuelle est scandée par le concerné, qui se défendait au départ, ne pas être un intello. Ce papier sur son film montre combien il craint la désapprobation des autres. Sa fulmination est pour le téléspectateur/la téléspectatrice, la preuve que ce dernier est un être émotif qui voit dans le décryptage des autres, une menace contre sa personne ou son oeuvre. Marie prend pourtant la chose avec hauteur.
Ils recommencent à faire l’amour. On est convaincu que cela ira jusqu’au bout cette fois-ci. Mais non. Les reproches reprirent. Non, Marie fait de préférence à Malcolm la leçon. Regardez le film et vous serez contents/contentes d’apprendre la différence que cela ferait de restituer son dû à une femme.
Sam Levinson a pris beaucoup de risques. Un film, aujourd’hui, en noir et blanc avec deux uniques acteurs en huis clos sur un seul lieu de tournage peut être un ticket aller simple pour un zapping en règle. Au contraire, Malcolm & Marie a accroché. Soutenu par les rebondissements sans cesse renouvelés et le jeu crédible des deux protagonistes (même si je pense que Zendaya - Zendaya Maree Stoermer Coleman - a été une bombe dans son rôle, une maestria!), on oublie rapidement la monochromie des images. Certains plans étaient de l’ordre de la poésie. Loin d’être lassant, le dialogue soutenu des acteurs est un autre atout de ce film. L’urgence de le voir est impérieuse. Promesse de cinéphile.
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